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N° 1254 - AOÛT 2009
PRIX : 2,30€
Enquête Vie quotidienne et santé
Limitations dans les activités et sentiment
de handicap ne vont pas forcément de pair
Loïc Midy, division Enquêtes et études démographiques, Insee
n France métropolitaine, une personnelle, mais elle permet néanmoins
d’éclairer la perception du handicap.personne sur dix, vivant chez elle,
Considérer avoir un handicap va en général deEconsidère avoir un handicap, selon
pair avec des difficultés à réaliser certaines
l’enquête Vie quotidienne et santé de 2007.
activités. Mais la correspondance est loin d’être
Cette perception est bien sûr souvent parfaite. La part de personnes concernées
associée à une limitation dans les activités dépend fortement du critère retenu (encadrés 1
ou à des difficultés pour accomplir certai- et 3). Si une personne sur dix considère avoir
un handicap, elles sont deux fois plus nom-nes actions. Cependant, les personnes
breuses à déclarer « être limitées un peu oudéclarant être limitées dans leurs activités
beaucoup dans les activités qu’elles peuvent
sont deux fois plus nombreuses que celles
faire en raison d’un problème de santé ou d’un
qui considèrent avoir un handicap. handicap ». Interrogées de manière plus
Au-delà de 60 ans, les personnes interro- détaillée sur treize actions élémentaires (lire,
gées peuvent avoir tendance à associer se concentrer, monter un escalier...), 35,4 %
des personnes déclarent des difficultés pour enleurs limitations fonctionnelles à leur
accomplir certaines, 11,7 % déclarent mêmevieillissement et non plus à un handicap.
beaucoup de difficultés, et 3,5 % une impos-
Considérer avoir un handicap est plus fré-
sibilité totale d’accomplir certains actes. Ces
quent chez les hommes que chez les fem- différents critères ne se recoupent par ailleurs
mes jusqu’à 40 ans. Les limitations que partiellement. Parmi les personnes
fonctionnelles déclarées ne sont pas non dans l’impossibilité totale d’accomplir un ou
plusieurs actes élémentaires, une sur cinq neplus de même nature : plus souvent motri-
considère pas pour autant avoir un handicap.ces pour les femmes, sensorielles pour les
Peut-être bénéficient-elles d’un environnement
hommes.
ou d’aides adaptés leur permettant de compen-
Le type de gênes rencontrées et leur sévé- ser leurs difficultés.
rité jouent sur la perception du handicap.
Ce sont les limitations fonctionnelles
motrices et sensorielles, telles que mar- Après 60 ans, les limitations
cher, monter un étage, parler ou entendre sont davantage associées
qui jouent le plus sur la propension à au vieillissement qu’au handicap
déclarer un handicap.
À structure par sexe et âge comparable, La perception du handicap dépend aussi de
l’âge : des difficultés vues comme des handi-les habitants de la Guyane, la Guadeloupe
caps avant 60 ans, peuvent à des âges plusou de la Réunion déclarent plus souvent
avancés n’être considérées que comme des
que ceux des autres régions des obsta-
conséquences naturelles du vieillissement.
cles importants à accomplir certains ac- En 1999, 37 % des personnes de 60 ans et
tes. En revanche, ils considèrent moins plus considéraient le vieillissement comme la
souvent avoir un handicap. cause de leurs déficiences, d’après l’enquête
Handicap-Incapacités-Dépendance (sources).
De fait, si les limitations fonctionnelles ou
handicaps augmentent avec l’âge, c’est la« Considérez-vous avoir un handicap ? ». Cette
proportion de personnes déclarant des diffi-question, posée dans l’enquête Vie quotidienne
cultés importantes pour effectuer certainset santé (VQS) de 2007 (encadrés 1 et 2) peut,
actes qui augmente le plus après 65 ans danscertes, laisser beaucoup de place à l’appréciation
INSEE
PREMIEREl’enquête VQS. Cette proportion passe Présence d’au moins une limitation fonctionnelle importante
de 16 % entre 60 et 64 ans à 77 % selon l’âge et le type de
au-delà de 90 ans, le cumul de difficultés Au moins une limitation fonctionnelle importante (en %)
se développant encore plus fortement. Âge Sexe Intellectuelle
Sensorielle Motrice Tout typeEn comparaison, la proportion de per- ou psychique
sonnes considérant avoir un handicap
augmente moins rapidement après 60
0-9 Hommes 1,1 0,5 1,4 2,3
ans, passant de 14 % entre 60 et 64 ans Femmes 0,9 0,5 1,1 1,9
à 57 % au-delà de 90 ans.
10-19 Hommes 1,4 0,7 2,2 3,2
Femmes 1,0 0,9 1,3 2,5
Àpartirde40ans,les femmes 20-29 Hommes 1,3 0,9 1,7 3,2
déclarent plus de limitations Femmes 1,5 1,2 1,5 3,3
que les hommes 30-39 Hommes 1,8 2,0 2,1 4,6
Femmes 1,9 2,3 1,7 4,8
Avant 40 ans, les femmes considèrent
40-49 Hommes 3,5 3,8 2,3 7,9
un peu moins souvent avoir un handicap
Femmes 3,8 5,2 2,4 9,0
que les hommes. Ce constat s’inverse
50-59 Hommes 6,6 7,6 3,0 13,4
au-delà de 80 ans. Femmes et hommes
Femmes 6,4 9,5 3,1 14,7
ne déclarent pas non plus les mêmes
60-69 Hommes 8,3 9,7 3,9 16,9limitations dans les actes quotidiens.
Femmes 6,8 12,9 3,9 18,0Après 40 ans, les femmes se plaignent
70-79 Hommes 15,6 19,1 7,7 29,6plus souvent d’au moins une limitation
Femmes 12,7 25,4 8,1 32,3fonctionnelle importante. Ainsi, au-delà
de cet âge, elles ressentent plus fré- 80-89 Hommes 27,9 35,9 17,3 49,1
quemment que les hommes des difficul- Femmes 26,0 45,1 19,1 55,6
tés motrices et à partir de 80 ans plus de 90 et plus Hommes 49,4 57,6 36,6 70,9
difficultés intellectuelles ou psychiques. Femmes 54,2 67,7 41,2 79,5
En revanche, entre 60 et 90 ans, les
Champ : France, population vivant en ménage ordinaire (définition).
hommes signalent plus souvent des diffi- Source : Insee, enquête Vie quotidienne et santé 2007.
cultés sensorielles importantes (tableau 1)
Encadré 1et tout particulièrement des difficultés
auditives : chez les octogénaires, 21 %
des hommes et 16 % des femmes en Questions autour du handicap dans l’enquête Vie quotidienne et santé
déclarent.
Dans l’enquête Vie quotidienne et santé quotidienne comme se repérer sur un iti-
(VQS), les limitations d’activité (ou restric- néraire ou compter l’argent). Enfin, une
tions de participation à la vie en société) question complémentaire permet deLimitations physiques et mauvais
sont appréhendées de manière globale mieux cerner la sévérité des limitationsétat de santé accentuent
grâceàlaquestionsuivante:«Laper- fonctionnelles déclarées : « La personne
la sensation de handicap sonne est-elle limitée dans les activités est-elle dans l’impossibilité totale d’ac-
qu’elle peut faire en raison d’un problème complir une ou plusieurs des activités ci-
De multiples facteurs influent donc de santé ou d’un handicap (à la maison, tées précédemment ? ». À partir de ces
simultanément sur le fait de considérer au travail, à l’école...) ? ». questions, on distingue les personnes qui
avoir un handicap. En raisonnant à Une série de treize questions plus objecti- n’ont aucune limitation fonctionnelle,
âge, sexe, limitation et indicateur de ves passe ensuite en revue de possibles puis, parmi celles qui ont des difficultés,
limitations fonctionnelles, c’est-à-dire des on définit trois catégories de populationsanté similaires, il est possible de faire
difficultés à accomplir des actes élémen- « emboîtées » :la part de chaque facteur. Ainsi, consi-
taires : « La personne a-t-elle des difficul- – les personnes qui ont au moins une limi-dérer avoir un handicap décroît avec
tés pour monter un étage d’escalier ou tation fonctionnelle ;l’âge à partir de 60 ans, après avoir
marcher 500 mètres ? ». L’enquête – les personnes qui ont au moins une limi-
augmenté jusqu’à 30 ou 40 ans. À dif-
couvre en partie : les limitations fonction- tation importante ;
ficultés déclarées identiques, les jeu-
nelles sensorielles (difficultés pour lire, – les personnes qui ont au moins une limi-
nes adultes considéreraient plus
voir un visage, parler ou entendre) ; motri- tation fonctionnelle absolue.
facilement avoir un handicap que ces (difficultés pour monter un étage ou L’enquête comporte aus