L'investissement direct et les entreprises françaises

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Depuis le milieu des années 80, l'investissement direct de la France s'est fortement accru. Selon l'OCDE, la France occupait, en 1997, le quatrième rang des pays d'accueil et le cinquième rang des pays investisseurs. Globalement, la France a rattrapé son retard, à partir de la seconde moitié des années 80, pour se situer, aujourd'hui, en tête des pays les plus dynamiques en termes d'investissement direct. Comme les autres pays développés, elle investit principalement dans la zone OCDE même si, depuis le début de la décennie, la part à destination de l'Asie et de l'Amérique latine progresse nettement. L'investissement direct étranger en France provient essentiellement des pays développés. Il concerne pour l'essentiel les secteurs industriels à forte valeur ajoutée tels que l'électronique et la parachimie. Le tertiaire marchand et notamment les services occupe une place centrale dans l'investissement direct français avec plus des deux tiers du stock d'investissement. De même, la France investit fortement dans ces secteurs à l'étranger, surtout dans le domaine des services aux entreprises. Au niveau microéconomique, les entreprises françaises internationales - entreprises françaises contrôlées par un investisseur étranger ou entreprise françaises contrôlant au moins une filiale à l'étranger - sont singulières. Elles ont recours à une main-d'oeuvre plus qualifiée, plus productive et mieux payée. Par rapport à leurs concurrentes nationales, leurs marges sont supérieures dans tous les secteurs et dans l'industrie elles réalisent aussi des profits plus importants. Elles sont également plus dynamiques à l'exportation. Cependant, elles sont plus endettées et doivent provisionner davantage pour faire face aux risques qu'elles encourent. En général, elles ne sont pas plus rentables. Lorsqu'on tient compte, en plus de la taille et du secteur d'activité, de l'appartenance à un groupe et de la structure de qualification des emplois, ces différences de performances s'atténuent...
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INVESTISSEMENT
L’investissement direct
et les entreprises françaises
Depuis le milieu des années 80, l’investissement direct de la France s’est fortement
accru. Selon l’OCDE, la France occupait, en 1997, le quatrième rang des pays
Michel d’accueil et le cinquième rang des pays investisseurs. Globalement, la France
Houdebine et a rattrapé son retard à partir de la seconde moitié des années 80, pour se situer,
Agnès aujourd’hui, en tête des pays les plus dynamiques en termes d’investissement
Topiol-Bensaïd* direct. Comme les autres pays développés, elle investit principalement dans la zone
OCDE même si, depuis le début de la décennie, la part à destination de l’Asie et
de l’Amérique latine progresse nettement. L’investissement direct étranger en
France provient essentiellement des pays développés. Il concerne pour l’essentiel
les secteurs industriels à forte valeur ajoutée tels que l’électronique et la
parachimie. Le tertiaire marchand et notamment les services occupe une place
centrale dans l’investissement direct français avec plus des deux tiers du stock
d’investissement. De même, la France investit fortement dans ces secteurs à
l’étranger, surtout dans le domaine des services aux entreprises.
Au niveau microéconomique, les entreprises françaises internationales –
entreprises françaises contrôlées par un investisseur étranger ou entreprise
françaises contrôlant au moins une filiale à l’étranger – sont singulières. Elles ont
recours à une main-d’œuvre plus qualifiée, plus productive et mieux payée.
Par rapport à leurs concurrentes nationales, leurs marges sont supérieures dans
tous les secteurs et dans l’industrie elles réalisent aussi des profits plus importants.
Elles sont également plus dynamiques à l’exportation. Cependant, elles sont plus
endettées et doivent provisionner davantage pour faire face aux risques qu’elles
encourent. En général, elles ne sont pas plus rentables. Lorsqu’on tient compte, en plus
de la taille et du secteur d’activité, de l’appartenance à un groupe et de la structure de
* Au moment de la
qualification des emplois, ces différences de performances s’atténuent mais persistent.rédaction de cet article,
Michel Houdebine et
Agnès Topiol-Bensaïd
appartenaient à la division
Marchés et stratégies
d’entreprises de l’Insee. l’instar de la plupart des pays de années 80. Pour l’importance des flux de capi-Àl’OCDE, les investissements directs taux, la France se place en quatrième position,
français se sont fortement accrus à partir du après les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Alle-
milieu des années 80. Selon l’OCDE, en 1997, magne. D’après un rapport publié récemment
la France a investi 208 milliards de francs à par l’association Invest in France, elle est de
Les noms et dates entre l’étranger et accueilli 135 de francs plus considérée comme un pays d’accueil
parenthèses renvoient à
d’investissements directs tandis que ces flux attractif : en 1998, la Datar a enregistré un nom-la bibliographie en fin
d’article. de capitaux n’étaient respectivement que de bre record de 700 projets de localisation d’in-
36 milliards et de 19 milliards au début des vestissement.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 326-327 1999 - 6/7 113La mondialisation des économies alimente mesure, dans les pays d’Europe centrale et
depuis quelques années de nombreux débats éco- orientale. Ces flux d’investissements se sont
nomiques et politiques. Le sujet est complexe, développés nettement plus vite que les échan-
mal délimité et les études statistiques portant ges commerciaux. Plusieurs facteurs semblent
sur la France restent encore peu nombreuses. influencer la décision d’investir à l’étranger : la
Les analyses macroéconomiques mettent en fiscalité, la qualité des infrastructures, le ni-
avant le fort développement des investisse- veau de qualification et les effets d’aggloméra-
ments directs et la position centrale des pays de tion. Les droits de douane et les coûts de
l’OCDE dans ces investissements : première transports, au contraire, ne semblent pas jouer
zone à investir à l’étranger, mais aussi première un rôle prépondérant. Les analyses microécono-
zone d’accueil des investissements directs (cf. miques telles que celles, de Markusen (1995, 1998)
encadré 1). Toutefois, de nouvelles tendances pour l’économie américaine caractérisent les mul-
émergent depuis le début de la décennie avec un tinationales. Pour s’internationaliser, l’entreprise
développement rapide des investissements en doit atteindre une taille critique, investir fortement en
Asie, en Amérique latine et, dans une moindre R&D et innover. Les entreprises internationales
Encadré 1
L’INVESTISSEMENT DIRECT ET LE POIDS CROISSANT DES ENTREPRISES MULTINATIONALES
les Pays-Bas et la France figurent parmi les princi-
Depuis une vingtaine d’année, les investissements paux pays investisseurs à l’étranger bien que leur
directs se sont très fortement développés. Ainsi, les contribution soit nettement plus faible que celle des
flux d’investissements directs ont été multipliés par pays anglo-saxons. La part de l’Allemagne, de la
2,8 entre 1984 et 1990, puis par 1,7 de 1990 à 1996 France et des Pays-Bas dans les flux d’investisse-
pour atteindre environ 331 milliards de dollars. Cet ment direct sortants s’est érodée à partir de 1993.
essor traduit le poids croissant des entreprises multi- Cette diminution est cependant nettement moins im-
nationales dans l’économie mondiale. Aujourd’hui, portante que celle ayant affecté les flux du Japon qui
près de 75 millions de personnes travaillent dans ont été divisés par trois, probablement en raison de
une telle entreprise dont 40 % sont salariés de filia- la crise financière qui secoue l’archipel depuis près
les situées en dehors du pays d’originedelamaison de 10 ans (cf. tableau A).
mère (OCDE, 1995).
En dehors des pays de l’OCDE, ce sont ceux d’Asie
Depuis dix ans, l’évolution des investissements et d’Amérique latine qui ont le plus investi à l’étran-
directs permet de distinguer trois phases : un fort ger. En Asie, le Japon mis à part, la Chine,
développement au milieu des années 80 jusqu’au Singapour, la Thaïlande et la Corée du Sud sont le
début des années 90, un fléchissement marqué de plus représentés à l’étranger. Ensemble, ils totali-
cette tendance au début des années 90, suivi d’une sent les deux tiers des flux d’investissement direct à
nette reprise (cf. graphique du texte). Que l’on con-
sidère les pays de l’OCDE dans leur ensemble ou
les pays européens, l’évolution des investissements Tableau A
directs à l’étranger a été trèssimilaire,même si
Part des principaux pays développés dans les fluxl’augmentation au début des années 90 des flux de
d’investissement directces investissements est intervenue plus tôt aux
En %
États-Unis que dans les pays européens en raison
d’une reprise plus précoce de la croissance.
Flux entrants Flux sortants
1990 1992 1994 1996 1990 1992 1994 1996Les États-Unis et le Royaume-Uni
investissent le plus à l’étranger
France 6,6 12,9 7,0 6,1 14,6 16,3 9,0 8,3
Allemagne 1,3 1,6 0,7 -1,0 10,2 10,3 6,8 8,7Bien que leur poids ait diminué depuis le début des
années 80, les pays de l’OCDE, restent les princi-
Japon 0,9 1,6 0,4 0,1 21,2 9,1 7,2 7,4
paux investisseurs à l’étranger, réalisant plus de
90 % du flux d’investissement direct soit 294 mil- Pays-Bas 6,1 4,6 3,1 2,1 6,5 7,5 6,9 6,7
liards de dollars en 1996 (FMI, 1997). Les États-Unis
Royaume-
et le Royaume-Uni sont les pays qui investissent le
Uni 16,2 9,5 3,9 9,8 8,1 9,9 13,4 14,0
plus à l’étranger. Leur poids, en augmentation de-
puis 1990, est respectivement de 28 % et 14 % dans États-Unis 23,9 10,6 19,3 23,3 12,6 22,3 27,4 27,6
le total des flux d’investissement direct sortants et de
30 % et 15 % dans les flux d’investissement direct Lecture : En 1990,la France représentait 6,6% des flux
d’investissementdirectentrantsdespaysdel’OCDEet12,9%en1992.sortants des pays de l’OCDE. L’Allemagne, le Japon,
Source:(FMI, 1997).
114 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 326-327, 1999 - 6/7ont généralement recours à un personnel quali- directs étrangers après les États-Unis, le
fié composé de cadres et de professions intel- Royaume-Uni et l’Allemagne et le cinquième
lectuelles supérieures comme les chercheurs. plus grand investisseur à l’étranger. Le stock
Les actifs incorporels de ces entreprises (logi- d’investissement direct entrant (de l’ordre de
ciels, brevets, etc.) sont aussi plus nombreux. 750 milliards

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