De l imitation à l innovation, où en est l économie coréenne ? Frédérique SACHWALD,responsable des Etudes économiques,Ifri Les nouveaux défis du système de recherche et d innovation coréen Joonghae SUH,Korean Development Institute Les activités de R&D des entreprises coréennes Jae-Ik CHOI,vice-président, Korean Industrial and Technological Association Le système d'innovation coréen et ses perspectives Randall JONES,chef du bureau Corée Japon à l'OCDE La Corée, trait d'union entre la Chine et le Japon Christian WAROCQUIER,CEO France Telecom R&D Japon et Corée-du-Sud Tayeb BEN MERIEM,responsable Skillcenters IPv6, France Telecom R&D Les liens industrie / recherche dans la dynamique coréenne Young Beom CHOI,directeur des Relations internationales de l'ETRI Coopération dans le domaine des biotechnologies Ulf NEHRBASS,directeur de l'Institut Pasteur en Corée Les particularités d'un centre de recherche en Corée Guillaume VENDROUX,directeur Innovation, Valeo Electrical System
Conférence organisée par lANRT, en collaboration avec lambassade de Corée en France, avec le soutien de lAFIRIT.
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Introduction Denis RANDET Délégué général, ANRT
Sommaire
De l imitation à l innovation, où en est l économie coréenne ? Frédérique SACHWALD Responsable des Etudes économiques,Ifri Les nouveaux défis du système de recherche et d innovation coréen Joonghae SUH Korean Development Institute Les activités de R&D des entreprises coréennes Jae-Ik CHOI Vice-président, Korean Industrial and Technological Association Le système d'innovation coréen et ses perspectives Randall JONES Chef du bureau Corée Japon à l'OCDE La Corée, trait d'union entre la Chine et le Japon Christian WAROCQUIER CEO France Telecom R&D Japon et Corée-du-Sud Tayeb BEN MERIEM Responsable Skillcenters IPv6, France Telecom R&D Les liens industrie / recherche dans la dynamique coréenne Young Beom CHOI Directeur des Relations internationales de l'ETRI Coopération dans le domaine des biotechnologies Ulf NEHRBASS Directeur de l'Institut Pasteur en Corée Les particularités d'un centre de recherche en Corée Guillaume VENDROUX Directeur Innovation, Valeo Electrical System Un institut de recherche coréen en Europe : pour quels partenariats ? June Gunn LEE Directeur du KIST Europe
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Repères sur l'innovation en Corée ANRT Jeudi 4 mars 2004 Paris
REPERES SUR LINNOVATION ENCOREE
Introduction Denis Randet Délégué général, ANRT
Le système de recherche coréen vise à donner au pays une dimension mondiale, grâce à des objectifs extrêmement ambitieux, mais néanmoins crédibles au vu de ce qui a déjà été réalisé par un pays qui, après avoir subi des guerres dévastatrices, est devenu la onzième puissance économique mondiale, membre de lOCDE.
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De limitation à linnovation, Où en est léconomie coréenne ? Frédérique SACHWALD Responsable des Etudes économiques, Ifri
La Corée, qui, en entrant à lOCDE, vient seulement de rejoindre le cercle des pays à hauts revenus, affronte des difficultés typiques des pays « avancés », comme la concurrence avec la Chine, sur les industries nécessitant une forte main-duvre. Le problème des délocalisations est présent dans les esprits. Les entreprises doivent relever le double défi dinnover davantage et daccroître la reconnaissance de leur marque sur les marchés internationaux. Parallèlement, le projet est de faire de la Corée la plate-forme industrielle de lAsie du Nord-Est. La Corée deviendrait alors le lien entre la Chine et le Japon, en termes géographiques mais aussi en ce qui concerne son niveau de développement. Dans ce contexte, linvestissement direct étranger devrait jouer un rôle important. En effet, le passage au stade de linnovation nécessite la réorganisation des entreprises privées et des systèmes dinnovation afin de pouvoir sappuyer moins sur les licences et plus sur la Recherche et développement (R&D) interne et les partenariats avec des entreprises étrangères.
Les groupes coréens ont cherché à accéder à cette frontière technologique par plusieurs voies : linvestissement direct dans des petites entreprises ou des laboratoires coréens aux Etats-Unis ; le recours par les entreprises coréennes à des chercheurs étrangers; laide aux investissements directs en Corée pour faire de la R&D. Une grande partie du projet de plate-forme industrielle repose sur lattraction plus grande de linvestissement direct étranger en Corée dans lindustrie, les services et la R&D.
La Corée cite volontiers le « changement de paradigme » parmi les voies susceptibles de la mener vers son objectif. Elle doit notamment cesser de se considérer uniquement comme une plate-forme de production, et se voir également comme un marché à part entière. En effet, si la Chine peut impressionner au point de faire oublier les autres pays, la Corée compte près de 50 millions dhabitants et un pouvoir dachat important.
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Les nouveaux défis du système de recherche et dinnovation coréen Joonghae SUH Korean Development Institute
LInstitut coréen du développement, en lien avec le ministère de lEconomie, a récemment publié un document dorientation de la politique économique, intitulé : « Une Corée dynamique : un pays en pleine mutation ». Il a été présenté, à loccasion de la Conférence internationale marquant la première année de la nouvelle présidence. Ce document porte sur les quatre prochaines années du mandat présidentiel coréen.
La politique de recherche La stratégie décrite dans le document dorientation vise à redynamiser la Corée et à transformer son potentiel de croissance en réalité. Plusieurs obstacles doivent être surmontés pour cela. Ainsi, sachant que la Corée est en train dopérer une délicate transition, dun gouvernement autoritaire à un gouvernement démocratique, lInstitut préconise une démocratie « horizontale », cest-à-dire un système politique dans lequel les décisions ne sont pas prises de façon unilatérale, mais en concertation avec les partenaires sociaux, les ONG, etc.
Durant les quarante dernières années, la Corée a bénéficié dune croissance économique très importante, frôlant parfois les 10 %. Aujourdhui, cette croissance est estimée à environ 5 %, taux élevé mais sans doute inférieur à ce que le passé pouvait laisser espérer. Or, pour un pays habitué à un taux de croissance élevé, tout résultat en deçà de 6 % par an risque davoir une forte incidence sur le marché du travail.
Les autres préoccupations rejoignent, pour lessentiel, celles que lon trouve dans dautres régions du monde, notamment avec la montée en puissance de la Chine. Si ce pays constitue effectivement un concurrent majeur, la Corée reconnaît les nombreuses possibilités de développement que recèle lascension de sa voisine. En effet, les groupes qui se délocalisent vers la Chine auraient de toute manière, quitté la Corée, par exemple, pour lEurope de lEst. La Chine reste le principal partenaire commercial de la Corée du Sud, notamment pour les produits technologiques. Rien ne laisse présager un changement dans ce domaine.
Des réformes simposent dans deux domaines : le système dinnovation et le système éducatif. Le document dorientation a défini sept axes stratégiques, dont un important
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travail pour renforcer lefficience du système dinnovation et du système éducatif afin de relancer léconomie coréenne.
Longtemps, grâce à la très forte croissance du pays, la Corée a été à labri des problèmes sociaux les plus courants, comme le chômage et la criminalité. Aujourdhui, lintégration ou « lharmonie sociale » font partie du programme stratégique. Ce dernier est centré sur la technologie (notamment les NTIC) et les ressources humaines encommençant, en amont, par lenseignement fondamental et lintroduction dun élément concurrentiel entre les universités pour décrocher des fonds publics. La Corée devra également chercher à rétablir des relations fructueuses entre lEtat et les partenaires sociaux, celles-ci sétant quelque peu dégradées sous lancien gouvernement. Grâce à ces efforts, les entreprises auront accès à de nouvelles ressources.
Organisation de la R&D Comme la France et lAllemagne, la Corée confie lorganisation de la recherche à différents services ministériels et interministériels, le ministère de la Science et de lEducation, le ministère de lIndustrie et le ministère de lInformation et de la Communication. Chaque entité dispose dun budget spécifique, quil déploie selon ses priorités. Parallèlement à ces organismes de tutelle, le pays a des instituts nationaux de recherche, spécialisés dans les sciences naturelles, les sciences sociales ou les sciences humaines. Les centres de recherche universitaires et les organismes nationaux de recherche complètent ce tableau.
Le budget global de la recherche nationale est de 4,3 milliards de dollars. La recherche peut être organisée par thème (ex : les NTIC, les biotechnologies) ou par objectif (les infrastructures, la diffusion), selon la politique définie par lEtat. Il convient cependant de noter que cette politique peut être infléchie ou guidée par les centres de recherche universitaires ou dautres organismes, qui ont une voix consultative.
Contrairement à ce que lon pouvait observer avant la crise économique, les organismes de recherche daujourdhui cherchent à se mettre en réseau, afin de tirer le plus grand profit de leurs ressources. De même, les PME et les grandes entreprises sunissent et adoptent des structures « horizontales » dans loptique de créer des synergies de recherche. Parmi les PME (cest-à-dire, les entreprises comptant moins de 300 salariés), seules 8 % consacrent un budget spécifique à la recherche. En revanche, plus de 20 % dentre elles exportent leurs produits. Autre
signe de cette ouverture vers lextérieur, les entreprises étrangères sont accueillies très volontiers dans le pays, le gouvernement ayant mis en place une politique qui facilite leur installation.
La Corée a longtemps cherché à endosser le rôle de « plate-forme de production » pour lAsie du Nord-Est. Aujourdhui, la présence si imposante de la Chine, dont les coûts de production sont nettement plus intéressants, va lobliger à sorienter vers la R&D, que ce soit au sein du pays ou à létranger. Une collaboration plus étroite entre
la Corée et les pays étrangers est donc à lordre du jour.
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Les activités de R&D des entreprises coréennes Jae-Ik CHOI Vice-président, Korean Industrial and Technological Association
La Korean Industrial and Technological Association, à but non lucratif, a été créée en 1979. Elle regroupe aujourdhui 5 000 entreprises, dont la caractéristique commune est de disposer dune unité de R&D interne. Lassociation vise à aider et à promouvoir les entreprises privées dans leurs activités de recherche et de développement. Elle a tissé des liens avec des associations semblables dans le monde entier.
Développement de la R&D des entreprises Cest entre 1960 et 1980 que la recherche en Corée a été mise en place de façon officielle, avec la création de lInstitut coréen de la recherche et de la technologie et du ministère de la Science. Le programme national pour la R&D et la procédure dagrément des centres de recherche dentreprises ont vu le jour dans les années 1980. Enfin, lEtat a voté un certain nombre de mesures permettant de faciliter la recherche par les entreprises : les crédits dimpôts, les dispenses du service militaire national pour les chercheurs ayant un doctorat et travaillant au sein de centres de recherche agréés, et différentes mesures financières (incitations, financement direct, crédits, capital-risque). Depuis 2000, les entreprises sont au cur de la politique nationale de recherche.
La Corée est au sixième rang des pays de lOCDE par ses dépenses en matière de recherche, qui sélèvent à environ 14,43 milliards de dollars par an. Les entreprises sont à lorigine de 74 % de ces investissements. Lindustrie de la production contribue à hauteur denviron 9,2 milliards de dollars, dont plus de la moitié provient des entreprises spécialisées dans lélectronique. Les secteurs de lautomobile (14,8 %) et de la chimie (10 %) sont les deux autres grands acteurs de la recherche industrielle. Cependant, lintensité de la R&D industrielle demeure faible, à 2,51 %, niveau bien inférieur à celui des autres grands pays industrialisés : à titre de comparaison, ce ratio est de 3,99 % au Japon.