10
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Français
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2013
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L origine des Juifs en Afrique du Nord, entre
légende et réalité Par Yigal Bin-Nun
Je commence par les conclusions.
LesJuifsdAfriqueduNordnesontpasdesdescendantsdes
tribus berbères converties au judaïsme comme l affirme Ibn
Khaldoun
LesJuifsdAfriqueduNordnesontpasarrivésdirectement
d Israël comme réfugiés ou comme déportés.
LamajoritédesJuifsdAfriqueduNordsontdesdescendants
dAfricainshellénisésconvertisindividuellementaujudaïsme.
AlKahina,lhéroïnedelarébellionberbèrecontrelecolonisateur
arabe, n était ni juive ni chrétienne.
Jenedévelopperaidanscetteconférencequeletroisièmepoint,ci-
dessus, le reste sera détaillé dans d autres articles.
LES JUD
ÉÉNS HELLÉNISÉS
Phénicien fondateurs de Carthage.
Pour des raisons apologétiques, certains historiens ont préféré anticiper
la date darrivée des Juifs Afrique à lépoque de Salomon ou aux
Phéniciens, fondateurs de Carthage. Il me semble dérisoire de réfuter
cette hypothèse étant donné la différence entre le culte hénothéisme
israélite monarchique et la religion juive tardive. On devrait plutôt
chercher lorigine des Juifs dAfrique du Nord hors dIsraël au troisième
siècle avant n.e. à Alexandrie en Égypte, nouvelle cité culturelle qui
attira beaucoup de Judéens hellénisés. Cette diaspora na été ni
déportée ni expulsée dIsraël. Elle nest due quà une surpopulation et à
un attrait vers de nouveaux centres culturels et économiques.
Avant la Grande Révolte contre Rome (66-73 avant n.e.) Philon
dAlexandrie et Flavius Joseph avaient évalué la part des Juifs à 40% de
la population totale dAlexandrie et affirmèrent que la grande majorité
des populations de Chypre et de Cyrène était judéenne. La révolte des
JudéensdeCyrénaïqueetdAlexandrieappeléelarevotedela
diaspora (115-117), plus de quarante ans après la révolte contre Rome
en Israël, représente un tournant dans lavènement dune communauté
judéenne en Afrique. Il ne sagit pas dune communauté du type
moyenâgeux, mais dune entité politique indépendante, helléniste,
différente de la population locale que par son origine, son culte et sa
culturehébraïque.latêtedecettecommunautédotéedunepuissance
militaire il y avait des rois et une armée. Une partie de sa population
servait comme soldats de métiers ou mercenaires et une autre était
engagée dans le commerce, lélevage, lagriculture et le commerce
maritime.
LA RÉVOLTE EN CYRENAQUE
lempereur Trajan
LhistoiredelarévolteenCyrénaïqueàlépoquedelempereurTrajan
(53-117) nous est relatée par les témoignages de lennemi, entre autre
ceux du sénateur Dio Cassius (156-229) et de larchevêque Eusèbe de
Césarée (aux alentours de 339-235). Andreas était le chef des insurgés
judéens. Après sa victoire sur le commandant romain Lupus, les
insurgés dÉgypte arrivèrent en Libye et massacrèrent plus de 220 000
personnes. Chypre, les insurgés avec à leur tète Artemion
massacrèrent 240 000 Grecs dans la capitale Salamis (Salamine) et la
détruisirent. Dio Cassius décrit ainsi la cruauté des Judéens envers
leurs ennemis :
Ils se sont comporté comme des cannibales, ont fabriqué des ceintures
à partir de leur boyaux, se couvraient de leur sang, shabillaient de leur
peau, il leur arrivait même de scier des crânes de haut en bas, puis les
jetaient à des animaux sauvages ou les forçait à se combattre.
Au bout de deux années, en novembre 117, les généraux Quintus
Marcius Turbo et Lusius Quietus réussirent à écraser la rébellion avec
grande férocité. Des vestiges épigraphiques décrivent les dévastations
causées par les Judéens dans les temples et les bâtiments publics en
Cyrénaïque.Ilssesontcomportéscommesiilnyavaitpasde
lendemain dans leur pays et quils navaient pas lintention dy rester.
Toutefois, deux épitaphes découvertes sur des pierres tombales
prouvent lexistence dune communauté après la révolte. Dans lune il
est écrit Azar, que ton âme repose en paix et dans lautre,
Nathan Bar Shalom que son âme repose en paix . Mais la grande
majoritédelacommunautéjudéennedeCyrénaïqueémigraverslOuest
à Oea (actuelle Tripoli), dans la Carthage romaine (146 avant n.e. à 429
de n.e.), à Gammarth et Naro (au sud de Carthage), à Hadrumète
(Sousse en Tunisie) et à Cirta (Constantine), à Hippo Regius (Annaba
actuelle) en Numidie, à Volubilis (Walili) et à Tipasa en Mauritanie
tingitane. Il est important de souligner quavant le deuxième siècle on ne
trouveaucunetracedeJuifsàlouestdeCyrénaïque.
Laspect national de cette population Judéenne est caractérisé en
premierlieuparlaBiblehébraïqueetleslivresditsapocryphesqui
nont pas été inclus au Xe siècle dans le canon biblique. Il sagit des
livres de Tobias, Judith, La Sagesse de Ben Sira, La Sagesse de
Salomon, Baruch, 1,2,3,4 Hasmonéens, 3 Ezra et autres, et
principalement des livre des Jubilés et dHénoch et bien dautres qui ne
furent découverts quau XXe siècle au désert de Judée. Certains furent
traduits par la communauté en grec à lépoque de Ptolémée II, dautres
furent rédigés directement en grec comme celui du Judéen Jason (2
Hasmonéens). Cette considérable littérature nétait pas sans susciter
lattractionduJudaïsmesurunepopulationlocaleberbéro-hellènequia
produit des intellectuels éminents comme les pères de lÉglise ou les
instigateurs de mouvements hérétiques : Tertullien (Carthage), Arius
(Cyrénaïque),DonatusMagnus(Numidie)etAugustin(Hippon).Un
exemple du succès de lhellénisme en Afrique est la prise du pouvoir à
Rome par un berbère de Leptis Magna en Tripolitaine, Septime Sévère
(211-145). Cet empereur berbère représentait aux yeux des Romains la
revanche dHannibal le Punique sur les conquérants de Carthage.
LE PROCESSUS DE JU
DASATION
Copie manuscrite du livre
Antiquités juives
de Flavius Josèphe,
Les écrits apologétiques de Flavius Josèphe, Philon, Jason de Cyrène
et Ezéchiel le Tragédien dAlexandrieLhistoire de la révolte en
CyrénaïqueàlépoquedelempereurTrajanetdautresontfaçonnéles
caractéristiquesdecesJudéens.Cestuncultejudaïquequinesest
pas abstenu de pratiquer le prosélytisme et qui a fortemen