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17
EAN13
9782824712000
Licence :
Libre de droits
Langue
Français
AMÉDÉE A CHARD
RÉCI TS D’U N SOLD A T
BI BEBO O KAMÉDÉE A CHARD
RÉCI TS D’U N SOLD A T
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1200-0
BI BEBO OK
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– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
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compris à Bib eb o ok.Pr éface
’ va lir e sont e xtraites d’un cahier de notes é crites
p ar un eng ag é v olontair e . Il n’y faut p oint cher cher de grav esL études sur les causes qui ont amené les désastr es sous lesquels
notr e p ay s a failli succomb er , ni de longues dissertations sur les fautes
commises. Non ; c’ est ici le ré cit d’un soldat qui raconte simplement ce
qu’il a v u, ce qu’il a fait, ce qu’il a senti, au milieu de ces ar mé es s’é cr
oulant dans un abîme . À ce p oint de v ue , ces souv enir s, qui ont au moins
le mérite de la sincérité , ont leur intérêt ; c’ est un nouv e au chapitr e de
l’histoir e de cee funeste guer r e de 1870 que nous offr ons à nos le cteur s.
n
1Pr emièr e p artie
Une ar mé e prisonnièr e
2CHAP I T RE I
juillet 1870, j’ache vais la tr oisième anné e de mes
études à l’École centrale des arts et manufactur es. C’était le mo-A ment où la guer r e , qui allait êtr e dé claré e , r emplissait Paris de
tumulte et de br uit. D ans nos théâtr es, tout un p euple foueé p ar les e
xcitations d’une p artie de la pr esse , é coutait deb out, en le couv rant
d’applaudissements frénétiques, le r efrain ter rible de cee Marseillaise qui
devait nous mener à tant de désastr es. D es régiments p assaient sur les b
oule vards, accomp agnés p ar les clameur s de millier s d’ oisifs qui cr o yaient
qu’ on g agnait des batailles av e c des cris. La ritour nelle de la chanson des
Girondins se pr omenait p ar les r ues, psalmo dié e p ar la v oix des g av r o ches.
Cee agitation factice p ouvait fair e supp oser à un obser vateur inaentif
que la grande ville désirait, app elait la guer r e ; le g ouv er nement, qui v
oulait êtr e tr omp é , s’y tr omp a.
Un dé cr et app ela au ser vice la g arde mobile de l’Empir e , cee même
g arde mobile que le mauvais v ouloir des soldats qui la comp osaient,
3Ré cits d’un soldat Chapitr e I
ajouté à l’ opp osition av eugle et tenace de la g auche , semblaient
condamner à un éter nel r ep os. En un jour elle p assa du sommeil des cartons à
la vie agité e des camps. L’École centrale se hâta de fer mer ses p ortes et
d’ e xp é dier les diplômes à ceux des concur r ents désignés p ar leur numér o
d’ ordr e . Ing énieur civil depuis quelques heur es, j’étais soldat et faisais
p artie du bataillon de Passy p ortant le no 13.
La g arde mobile de la Seine n’était p as encor e or g anisé e , qu’il était
facile déjà de r e connaîtr e le mauvais esprit qui l’animait. Elle p oussait
l’amour de l’indiscipline jusqu’à l’absurde . i ne se rapp elle encor e ces
dép arts br uyants qui r emplissaient la r ue Lafay ee de v oitur es de toute
sorte conduisant à la g ar e du chemin de fer de l’Est des bataillons
comp osés d’éléments de toute natur e ? elles aitudes ! quel tap ag e ! quels
cris ! À la v ue de ces bandes qui p artaient en fiacr e après b oir e , il était
aisé de pr essentir quel triste e x emple elles donneraient.
Mon bataillon p artit le 6 août p our le camp de Châlons ; ce fur ent,
jusqu’à la g ar e de la Villee , où il s’ embar qua, les mêmes cris, les mêmes v
oitur es, les mêmes chants. D es v oix enr oué es chantaient encor e à Châte
auier r y . Les chefs de g ar e ne savaient auquel entendr e , les hommes
d’équip e étaient dans l’ahurissement. À chaque halte nouv elle , c’était une
débandade . Les moblots s’ env olaient des v oitur es et couraient aux
buv ees, quelques-uns s’y oubliaient. On faisait à ceux d’ entr e nous qui
avaient conser vé leur sang-fr oid des ré cits lamentables de ce qui s’était
p assé la v eille et les jour s pré cé dents. Un certain nombr e de ces enfants de
Paris avaient e x é cuté de véritables razzias dans les buffets, où tout avait
disp ar u, la vaisselle après les comestibles ; les plus facétieux emp ortaient
les v er r es et les assiees, qu’ils jetaient, chemin faisant, p ar la p ortièr e
des wag ons ; histoir e de fair e du br uit et de rir e un p eu. D es cour ses
imp étueuses lançaient les officier s zélés à la p our suite des soldats qui s’ég
araient dans les fer mes v oisines, tr ouvant drôle « de cueillir çà et là » des
lapins et des p oules. On se meait aux fenêtr es p our les v oir .
À mon ar rivé e à Châlons, la g ar e et les salles d’aente , les cour s, les
hang ar s, étaient r emplis d’é clop és et de blessés couchés p ar ter r e ,
étendus sur des bancs, s’appuyant aux mur s. Là étaient les débris vivants des
meurtrièr es r encontr es des pr emier s jour s : drag ons, zouav es, chasseur s
de Vincennes, tur cos, soldats de la ligne , hussards, lancier s, tous hâv es,
4Ré cits d’un soldat Chapitr e I
silencieux, mor nes, traînant ce qui leur r estait de souffle . Point de p aille ,
p oint d’ambulance , p oint de mé de cins. Ils aendaient qu’un conv oi les
prît. D es centaines de wag ons encombraient la v oie . Il fallait dix
manœuv r es p our le p assag e d’un train. Le p er sonnel de la g ar e ne dor mait
plus, était sur les dents.
A u moment où nous allions quier Paris, nous avions eu la nouv elle
de ces défaites, sitôt suivies d’ir rép arables désastr es. Maintenant j’avais
sous les y eux le témoignag e sanglant et mutilé de ces cho cs ter ribles au
de vant desquels on avait cour u d’un cœur si lég er . Mon ardeur n’ en était
p as diminué e ; mais la pitié me pr enait à la g or g e à la v ue de ces
malheur eux, dont plusieur s aendaient encor e un pr emier p ansement. oi !
tant de misèr es et si p eu de se cour s !
Le chemin de fer établi p our le ser vice du camp emmena les mobiles
au Petit-Mour melon, d’ où une pr emièr e étap e les conduisit