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V ICT OR H UGO
NO T RE-D AME DE
P ARIS
BI BEBO O KV ICT OR H UGO
NO T RE-D AME DE
P ARIS
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1082-2
BI BEBO OK
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Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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Cee œuv r e est publié e sous la licence CC-BY -SA, ce qui
signifie que v ous p ouv ez lég alement la copier , la r e
distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok. quelques anné es qu’ en visitant, ou, p our mieux dir e , en
fur etant Notr e-D ame , l’auteur de ce liv r e tr ouva, dans un r e coinI obscur de l’une des tour s, ce mot gravé à la main sur le mur :
ἈΝΆΓ Κ Η.
Ces majuscules gr e cques, noir es de vétusté et assez pr ofondément
entaillé es dans la pier r e , je ne sais quels signes pr opr es à la calligraphie g
othique empr eints dans leur s for mes et dans leur s aitudes, comme p our
ré véler que c’était une main du mo y en âg e qui les avait é crites là , surtout
le sens lugubr e et fatal qu’ elles r enfer ment, frappèr ent viv ement l’auteur .
Il se demanda, il cher cha à de viner quelle p ouvait êtr e l’âme en p eine
qui n’avait p as v oulu quier ce monde sans laisser ce stigmate de crime
ou de malheur au fr ont de la vieille église .
D epuis, on a badig e onné ou graé ( je ne sais plus le quel) le mur ,
et l’inscription a disp ar u. Car c’ est ainsi qu’ on agit depuis tantôt deux
cents ans av e c les mer v eilleuses églises du mo y en âg e . Les mutilations
leur viennent de toutes p arts, du de dans comme du dehor s. Le prêtr e les
badig e onne , l’ar chite cte les grae ; puis le p euple sur vient, qui les
démolit.
1Notr e-D ame de Paris Chapitr e
Ainsi, hor mis le fragile souv enir que lui consacr e ici l’auteur de ce
liv r e , il ne r este plus rien aujourd’hui du mot my stérieux gravé dans la
sombr e tour de Notr e-D ame , rien de la destiné e inconnue qu’il résumait
si mélancoliquement. L’homme qui a é crit ce mot sur ce mur s’ est effacé ,
il y a plusieur s siè cles, du milieu des g énérations, le mot s’ est à son tour
effacé du mur de l’église , l’église elle-même s’ effacera bientôt p eut-êtr e
de la ter r e .
C’ est sur ce mot qu’ on a fait ce liv r e .
Fé v rier 1831.
n
2NO T E AJOU T ÉE A L’ÉDI T ION
DÉF I N I T I V E (1832)
’ qu’ on a annoncé cee é dition comme de vant êtr e
augmenté e de plusieur s chapitr es nouveaux. Il fallait dir e inédits.C En effet, si p ar nouv e aux on entend nouvellement faits , les
chapitr es ajoutés à cee é dition ne sont p as nouveaux. Ils ont été é crits en
même temps que le r este de l’ ouv rag e , ils datent de la même ép o que et
sont v enus de la même p ensé e , ils ont toujour s fait p artie du manuscrit
de Notre-Dame de Paris. Il y a plus, l’auteur ne compr endrait p as qu’ on
ajoutât après coup des dé v elopp ements nouv e aux à un ouv rag e de ce
g enr e . Cela ne se fait p as à v olonté . Un r oman, selon lui, naît, d’une
façon en quelque sorte né cessair e , av e c tous ses chapitr es ; un drame naît
av e c toutes ses scènes. Ne cr o y ez p as qu’il y ait rien d’arbitrair e dans le
nombr e de p arties dont se comp ose ce tout, ce my stérieux micr o cosme
que v ous app elez drame ou r oman. La gr effe ou la soudur e pr ennent mal
sur des œuv r es de cee natur e , qui doiv ent jaillir d’un seul jet et r ester
telles quelles. Une fois la chose faite , ne v ous ravisez p as, n’y r etouchez
plus. Une fois que le liv r e est publié , une fois que le se x e de l’ œuv r e , virile
ou non, a été r e connu et pr o clamé , une fois que l’ enfant a p oussé son pr
e3Notr e-D ame de Paris Chapitr e
mier cri, il est né , le v oilà , il est ainsi fait, pèr e ni mèr e n’y p euv ent plus
rien, il app artient à l’air et au soleil, laissez-le viv r e ou mourir comme
il est. V otr e liv r e est-il manqué ? tant pis. N’ajoutez p as de chapitr es à
un liv r e manqué . Il est incomplet ? il fallait le compléter en l’ eng endrant.
V otr e arbr e est noué ? V ous ne le r e dr esser ez p as. V otr e r oman est
phthisique ? v otr e r oman n’ est p as viable ? V ous ne lui r endr ez p as le souffle
qui lui manque . V otr e drame est né b oiteux ? Cr o y ez-moi, ne lui meez
p as de jamb e de b ois.
L’auteur aache donc un prix p articulier à ce que le public sache bien
que les chapitr es ajoutés ici n’ ont p as été faits e xprès p our cee
réimpr ession. S’ils n’ ont p as été publiés dans les pré cé dentes é ditions du liv r e ,
c’ est p ar une raison bien simple . A l’ép o que où Notre-Dame de Paris
s’imprimait p our la pr emièr e fois, le dossier qui contenait ces tr ois chapitr es
s’ég ara. Il fallait ou les ré crir e ou s’ en p asser . L’auteur considéra que les
deux seuls de ces chapitr es qui eussent quelque imp ortance p ar leur
étendue , étaient des es d’art et d’histoir e qui n’ entamaient en rien le
fond du drame et du r oman, que le public ne s’ap er ce v rait p as de leur
disp arition, et qu’il serait seul, lui auteur , dans le se cr et de cee lacune . Il
prit le p arti de p asser outr e . Et puis, s’il faut tout av ouer , sa p ar esse r e cula
de vant la tâche de ré crir e tr ois chapitr es p erdus. Il eût tr ouvé plus court
de fair e un nouv e au r oman.
A ujourd’hui, les chapitr es se sont r etr ouvés, et il saisit la pr emièr e
o ccasion de les r emer e à leur place .
V oici donc maintenant son œuv r e entièr e , telle qu’il l’a rê vé e , telle
qu’il l’a faite , b onne ou mauvaise , durable ou fragile , mais telle qu’il la
v eut.
Sans doute ces chapitr es r etr ouvés aur ont p eu de valeur aux y eux des
p er sonnes, d’ailleur s fort judicieuses, qui n’ ont cher ché dans Notre-Dame
de Paris que le drame , que le r oman. Mais il est p eut-êtr e d’autr es le cteur s
qui n’ ont p as tr ouvé inutile d’étudier la p ensé e d’ esthétique et de
philosophie caché e dans ce liv r e , qui ont bien v oulu, en lisant Notre-Dame de
Paris , se plair e à démêler sous le r oman autr e chose que le r oman, et à
suiv r e , qu’ on nous p asse ces e xpr essions un p eu ambitieuses, le sy stème
de l’historien et le but de l’artiste à trav er s la cré ation telle quelle du p oète .
C’ est p our ceux-là surtout que les chapitr es ajoutés à cee é dition
4Notr e-D ame de Paris Chapitr e
compléter ont Notre-Dame de Paris , en admeant que Notre-Dame de Paris
vaille la p eine d’êtr e complété e .
L’auteur e xprime et dé v elopp e dans un de ces chapitr es, sur la
décadence actuelle de l’ar chite ctur e et sur la mort, selon lui aujourd’hui
pr esque iné vitable , de cet art-r oi, une opinion malheur eusement bien
enraciné e chez lui et bien réflé chie . Mais il sent le b esoin de dir e ici qu’il
désir e viv ement que l’av enir lui donne tort un jour . Il sait que l’art, sous
toutes ses for mes, p eut tout esp ér er des nouv elles g énérations dont on
entend sourdr e dans nos atelier s le g énie encor e en g er me . Le grain est
dans le sillon, la moisson certainement sera b elle . Il craint seulement, et
l’ on p our ra v oir p our quoi au tome se cond de cee é dition, que la sé v e ne
se soit r etiré e de ce vieux sol de l’ar chite ctur e qui a été p endant tant de
siè cles le meilleur ter rain de l’art.
Cep endant il y a aujourd’hui dans la jeunesse artiste tant de vie , de
puissance et p our ainsi dir e de pr