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ST EN DHAL
MI NA DE V ANGH EL
BI BEBO O KST EN DHAL
MI NA DE V ANGH EL
1927
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1154-6
BI BEBO OK
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Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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compris à Bib eb o ok.MI NA DE V ANGH EL
V naquit dans le p ay s de la philosophie et de
l’imagination, à K œnigsb er g. V er s la fin de la camp agne deM France , en 1814, le g énéral pr ussien comte de V anghel quia
br usquement la cour et l’ar mé e . Un soir , c’était à Craonne , en
Champ agne , après un combat meurtrier où les tr oup es sous ses ordr es avaient
ar raché la victoir e , un doute assaillit son esprit : un p euple a-t-il le dr oit
de chang er la manière intime et rationnelle suivant laquelle un autre peuple
veut régler son existence matérielle et morale ? Pré o ccup é de cee grande
question, le g énéral résolut de ne plus tir er l’ép é e avant de l’av oir
résolue ; il se r etira dans ses ter r es de K œnigsb er g.
Sur v eillé de près p ar la p olice de Berlin, le comte de V anghel ne s’ o
ccup a que de ses mé ditations philosophiques et de sa fille unique , Mina.
Peu d’anné es après, il mour ut, jeune encor e , laissant à sa fille une
immense fortune , une mèr e faible et la disgrâce de la cour , — ce qui n’ est
p as p eu dir e dans la fièr e Ger manie . Il est v rai que , comme p aratonner r e
contr e ce malheur , Mina de V anghel avait un des noms les plus nobles de
l’ Allemagne orientale . Elle n’avait que seize ans ; mais déjà le sentiment
qu’ elle inspirait aux jeunes militair es qui faisaient la so ciété de son pèr e
allait jusqu’à la vénération et à l’ enthousiasme ; ils aimaient le caractèr e
1Mina de V anghel Chapitr e
r omanesque et sombr e qui quelquefois brillait dans ses r eg ards.
Une anné e se p assa ; son deuil finit, mais la douleur où l’avait jeté e
la mort de son pèr e ne diminuait p oint. Les amis de madame de V anghel
commençaient à pr ononcer le ter rible mot de maladie de poitrine . Il fallut
cep endant, à p eine le deuil fini, que Mina p arût à la cour d’un prince
souv erain dont elle avait l’honneur d’êtr e un p eu p ar ente . En p artant p our
C. . ., capitale des états du grand-duc, madame de V anghel, effrayé e des
idé es r omanesques de sa fille et de sa pr ofonde douleur , esp érait qu’un
mariag e conv enable et p eut-êtr e un p eu d’amour la r endraient aux idé es
de son âg e .
― e je v oudrais, lui disait-elle , v ous v oir marié e dans ce p ay s !
― D ans cet ingrat p ay s ! dans un p ay s, lui rép ondait sa fille d’un air
p ensif, où mon pèr e , p our prix de ses blessur es et de vingt anné es de
dé v ouement, n’a tr ouvé que la sur v eillance de la p olice la plus vile qui fut
jamais ! Non, plutôt chang er de r eligion et aller mourir r eligieuse dans le
fond de quelque couv ent catholique !
Mina ne connaissait les cour s que p ar les r omans de son comp
atriote A uguste Lafontaine . Ces table aux de l’ Albane présentent souv ent
les amour s d’une riche héritièr e que le hasard e xp ose aux sé ductions d’un
jeune colonel, aide de camp du r oi, mauvaise tête et b on cœur . Cet amour ,
né de l’ar g ent, faisait hor r eur à Mina.
― oi de plus v ulg air e et de plus plat, disait-elle à sa mèr e , que la
vie d’un tel couple un an après le mariag e , lor sque le mari, grâce à son
mariag e , est de v enu g énéral-major et la femme dame d’honneur de la
princesse héré ditair e ! que de vient leur b onheur , s’ils épr ouv ent une
banquer oute ?
Le grand-duc de C. . ., qui ne song e ait p as aux obstacles que lui
prép araient les r omans d’ A uguste Lafontaine , v oulut fix er à sa cour
l’immense fortune de Mina. P lus malheur eusement encor e , un de ses aides de
camp fit la cour à Mina, p eut-êtr e av e c autorisation supérieure . Il n’ en
fallut p as davantag e p our la dé cider à fuir l’ Allemagne . L’ entr eprise n’était
rien moins que facile .
― Maman, dit-elle un jour à sa mèr e , je v eux quier ce p ay s et m’ e
xp atrier .
― and tu p arles ainsi, tu me fais frémir : tes y eux me rapp ellent ton
2Mina de V anghel Chapitr e
p auv r e pèr e , lui rép ondit Madame de V anghel. Eh bien ! je serai neutr e , je
n’ emploierai p oint mon autorité ; mais ne t’aends p oint que je sollicite
auprès des ministr es du grand-duc la p er mission qui nous est né cessair e
p our v o yag er en p ay s étrang er .
Mina fut très malheur euse . Les succès que lui avaient valu ses grands
y eux bleus si doux et son air si distingué diminuèr ent rapidement quand
on apprit à la cour qu’ elle avait des idé es qui contrariaient celles de son
altesse sérénissime . P lus d’une anné e se p assa de la sorte ; Mina désesp érait
d’ obtenir la p er mission indisp ensable . Elle for ma le pr ojet de se déguiser
en homme et de p asser en Angleter r e , où elle comptait viv r e en v endant
ses diamants. Madame de V anghel s’ap er çut av e c une sorte de ter r eur
que Mina se liv rait à de singulier s essais p our altér er la couleur de sa
p e au. Bientôt après, elle sut que Mina avait fait fair e des habits d’homme .
Mina r emar qua qu’ elle r encontrait toujour s dans ses pr omenades à
cheval quelque g endar me du grand-duc ; mais, av e c l’imagination allemande
qu’ elle tenait de son pèr e , les difficultés, loin d’êtr e une raison p our la
détour ner d’une entr eprise , la lui r endaient encor e plus arayante .
Sans y song er , Mina avait plu à la comtesse D . . . ; c’était la maîtr esse
du grand-duc, femme singulièr e et r omanesque s’il en fut. Un jour , se
pr omenant à che val av e c elle , Mina r encontra un g endar me qui se mit à la
suiv r e de loin. Imp atienté e p ar cet homme , Mina confia à la comtesse ses
pr ojets de fuite . Peu d’heur es après, Madame de V anghel r e çut un billet
é crit de la pr opr e main du grand-duc, qui lui p er meait une absence de
six mois p our aller aux e aux de Bagnèr es. Il était neuf heur es du soir ; à
dix heur es, ces dames étaient en r oute , et fort heur eusement le lendemain,
avant que les ministr es du grand-duc fussent é v eillés, elles avaient p assé
la fr ontièr e .
Ce fut au commencement de l’hiv er de 182. . . que madame de V anghel
et sa fille ar rivèr ent à Paris. Mina eut b e aucoup de succès dans les bals
des diplomates. On prétendit que ces messieur s avaient ordr e d’ empê cher
doucement que cee fortune de plusieur s millions ne de vînt la pr oie de
quelque sé ducteur français. En Allemagne , on cr oit encor e que les jeunes
g ens de Paris s’ o ccup ent des femmes.
A u trav er s de toutes ces imaginations allemandes, Mina, qui avait
dix-huit ans, commençait à av oir des é clair s de b on sens ; elle r
emar3Mina de V anghel Chapitr e
qua qu’ elle ne p ouvait p ar v enir à se lier av e c aucune femme française .
Elle r encontrait chez toutes une p olitesse e xtrême , et après six semaines
de connaissance , elle était moins près de leur amitié que le pr emier jour .
D ans son affliction, Mina supp osa qu’il y avait dans ses manièr es quelque
chose d’imp oli et de désagré able , qui p araly sait l’urbanité française .
Jamais av e c autant de sup ériorité ré elle on ne vit tant de mo destie . Par un