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Séquence 1 : La poésie, les poésies
Séance 4 : La fuite du temps traitée par
Ronsard
Poème 1 :
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
1
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu cette vesprée
2
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.
Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las, las ses beautés laissé choir !
O vraiment marâtre Nature,
Puisqu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
Odes, I, 17,
Les Amours de Cassandre
(1552)
Poème 2 :
Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle
3
,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :
« Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle ! »
Lors, vous n’aurez servante oyant
4
telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de Ronsard ne s’aille réveillant
5
,
Bénissant votre nom de
6
louange immortelle.
Je serai sous la terre, et, fantôme sans os,
Par les ombres myrteux
7
je prendrai mon repos :
Vous serez au foyer une vieille accroupie,
Regrettant mon amour et votre fier
8
dédain.
Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.
Sonnets pour Hélène (
1578
)
, II,
XLIII
1
Ouvert
. Accord selon l’ancienne règle.
2
Soirée.
3
C’est au XVIe siècle l’éclairage des familles riches.
4
Entendant.
5
S’aller + forme verbale en –ant : indique l’aspect
progressif du verbe, traduisant une action en train de se
réaliser.
6
Dont la louange est immortelle.
7
A l’ombre (mot masculin au XVIème) des myrtes,
consacrées à Vénus et symboles de gloire dans
l’Antiquité.
8
Farouche.
Poème 3 :
Je vous envoie un bouquet que ma main
Vient de trier de ces fleurs épanies
9
;
Qui ne les eût à ce vêpre
10
cueillies,
Chutes à terre elles fussent demain.
Cela vous soit un exemple certain
Que vos beautés, bien qu’elles soient fleuries,
En peu de temps cherront
11
toutes flétries,
Et, comme fleurs, périront tout soudain.
Le temps s’en va, le temps s’en va, ma dame ;
Las ! le temps, non, mais nous nous en allons,
Et tôt serons étendus sous la lame ;
Et des amours desquelles nous parlons,
Quand serons morts, n’en sera plus nouvelle.
Pour c’
12
aimez-moi cependant qu’êtes belle.
Les Amours de Marie
(1555-1556)
Pièces retranchées des Amours
9
Epanouies.
10
Ce soir.
11
Futur d verbe
choir
.
12
Ce.
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