1 VOLTAIRE, CANDIDE C.M. de Pierre Glaudes Séance 4 : la parodie du romanesque L’un des modèles romanesques dont Voltaire s’est inspiré pour composer Candide est celui du « grand roman » dont il reprend les topoï constitués par un ensemble de situations extraordinaires. Ces situations sont bien connues, elles sont même parfaitement répétitives, en dépit de l’ingéniosité des romanciers : les amants sont toujours séparés au départ, leur union est retardée tout au long du récit, mais la séparation est atténuée par des rencontres inespérées ou, au contraire, accentuée par des déguisements, des erreurs de personne, des malentendus. Le voyage est l’un des moyens les plus courants pour prolonger le récit, mais il faut qu’il soit enrichi de tempêtes, de naufrages, de rencontres de pirates suivies de captivités en Orient et d’évasions facilitées par d’habiles stratagèmes ou des complices pittoresques. Les batailles, les rixes et les duels ne manquent pas et fournissent une ample matière à l’exploit. Tout cela est dans Candide : les amours contrariées de Candide et de Cunégonde, qui se restent fidèles malgré les épreuves, les aventures maritimes riches en péripéties et rebondissements, les comparses pittoresques, de Cacambo à la Vieille, en passant par Jacques, Martin, Paquette ou frère Giroflée. Mais, dans l’œuvre de Voltaire, l’intrigue aux multiples ressorts n’est pas le moyen d’opérer un grand saut dans l’imaginaire ouvrant les portes d’une ...
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