Visite à la prison pénitentiaire de GenèveM. le comte René de BouilléRevue des Deux MondesT.3, 1830Visite à la prison pénitentiaire de GenèveParmi les pensées généreuses dont le caractère du siècle où nous vivons favorise le noble essor, aucune peut-être n’a étégénéralement mieux comprise et mieux accueillie que celle qui s’attachant au sort des coupables condamnés les suit dans leurcaptivité, préside à l’emploi de leur temps, encourage leur industrie, dirige leur instruction, et tend continuellement vers le but de leurrégénération morale. Nulle part aussi cette pensée n’a reçu une application plus complète et mieux entendue que dans une petiterépublique, notre proche voisine.La ville de Genève renferme une prison pénitentiaire, proportionnée à l’étendue et à la population du canton dont elle est le chef-lieu[1], qui mérite d’être observée avec intérêt, et qui peut servir de modèle à des états plus considérables.L’établissement, le régime physique, la direction morale y sont combinés dans une harmonie parfaite, de sorte que, soumis sansrigueur à une vie régulière et laborieuse, les détenus puissent contracter une habitude d’occupation et de bonne conduite, qui lesmette à même de jouir pleinement du bienfait de la liberté quand elle leur sera rendue, et qui leur assure alors les moyens de subvenirhonnêtement à leur existence.Situé à l’angle d’un bastion, sur le bord du lac, près de la porte méridionale de la ville, et dans la position la plus saine et la ...
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