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Publié par
Nombre de lectures
68
EAN13
9782824712413
Licence :
Libre de droits
Langue
Français
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EAN13
9782824712413
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Français
ABBÉ DU P RA T
V ÉN US D ANS LE
CLOÎ T RE
BI BEBO O KABBÉ DU P RA T
V ÉN US D ANS LE
CLOÎ T RE
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1241-3
BI BEBO OK
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Sour ces :
– Bibliothè que Éle ctr onique du éb e c
Ont contribué à cee é dition :
– Gabriel Cab os
Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.M D . L. R.
T rès digne abb esse de Be aulieuA
Madame ,
Comme il me serait difficile de ne p as e x é cuter ce que v ous me témoignez
désir er , je n’ai aucunement délibéré sur la prièr e que v ous m’av ez faite ,
de ré duir e au plus tôt p ar é crit les doux entr etiens où v otr e communauté
a eu si b onne p art. Je m’ eng ag e ai tr op solennellement à cee g alante
entr eprise , p our v ouloir m’ en défendr e à présent, et p our m’ e x cuser de ce
travail sur la difficulté qu’il y a de r endr e à la v oix et aux actions le b e au
feu dont elles ont été animé es. Je ne sais si j’aurai bien r empli mes de v oir s
et v os esp érances ; l’ e x er cice de deux ou tr ois matiné es v ous en dé couv rira
la vérité , et v ous fera connaîtr e que si je n’ai p as b e aucoup d’élo quence ,
j’ai p our le moins assez de mémoir e p our rapp orter av e c fidélité la plus
grande p artie des choses p assé es. Je me suis tellement pr op osé v otr e
satisfaction dans cet ouv rag e , que j’ai p assé indiffér emment sur toutes les
raisons qui semblaient de v oir m’ en éloigner ; la crainte seule qu’il ne
tombât en d’autr es mains que les vôtr es m’a fait un p eu différ er de v ous l’
env o y er , et j’ en serais moi-même le p orteur , si mes affair es présentes me le
1V énus dans le cloîtr e Chapitr e
p er meaient, plutôt que de confier au hasard de la p oste , ou d’un
messag er , un p aquet de cee consé quence . Car , de b onne foi, quelle confusion
p our v ous et p our moi, si des confér ences si se crètes allaient de v enir
publiques ! et si des actions qui ne sont p oint blâmé es que p ar ce qu’ elles ne
sont p as connues allaient fair e un nouv e au sujet de critique , et four nir des
ar mes à tous ceux qui v oudraient nous aaquer ! elle p ostur e et quelle
contenance p our rait tenir notr e b elle r eligieuse , si le malheur l’ e xp osait
en chemise à la v ue de tous les curieux ? e d’ oppr obr e , que de honte ,
que d’ embar ras ! T outes ces considérations sont fortes ; mais v ous av ez
v oulu êtr e obéie , et v ous av ez traité de réfle xions légèr es et timides, des
raisons solides et assuré es.
oi qu’il ar riv e , je m’ en lav e les mains : et p our quier un p eu le
sérieux, je v ous dirai qu’il n’y a rien à appréhender p our sœur Agnès,
quand même le mauvais destin se mêlerait de la conduite de tout ce ci,
puisque la p eintur e que j’ en fais dans mes é crits ne la r eprésente que
dans une très e x acte obser vance de tous ses v œux. Car , en effet, p our
commencer p ar la pauvreté, p eut-on êtr e dans un plus grand détachement
des biens de ce monde , que de s’ en dép ouiller v olontair ement jusqu’à la
chemise ? Peut-on, dans ses p ar oles et dans ses actions, fair e p araîtr e la
b e auté de la chasteté av e c plus d’é clat, qu’ en se pr op osant p our règle la
nature toute pure ? Enfin, si l’ on v eut fair e pr euv e de son obéissance sans
e x ception, l’ on connaîtra qu’ elle aura autant de do cilité que p as une de
v os no vices.
V oilà , madame , une longue ler e p our un p etit ouv rag e , et une grande
p orte p our une p auv r e maison. Il n’imp orte : j’ai mieux aimé p é cher
contr e quelques règles, que de me gêner en v ous é crivant. Faites p art à
v os plus intimes et aux miennes, de ce que v ous jug er ez à pr op os qu’ elles
sachent. Et cr o y ez que je suis sans réser v e .
Madame ,
V otr e très obéissant et très affe ctionné Ser viteur ,
L’abbé du Prat.
n
2CHAP I T RE I
Pr emier entr etien
Sœur Agnès, Sœur Ang élique
Agnès. – Ah Dieu ! sœur Ang élique , n’ entr ez p as dans ma chambr e ; je
ne suis p as visible à présent. Faut-il ainsi sur pr endr e les p er sonnes dans
l’état où je suis ? je cr o yais av oir bien fer mé la p orte .
Angélique. – Eh bien ! tout doucement ; qu’as-tu à t’alar mer ? Le grand
mal de t’av oir tr ouvé e chang e ant de chemise , ou faisant autr e chose de
mieux ! Les b onnes amies ne se doiv ent aucunement cacher les unes aux
autr es. Assie ds-toi sur ta couche comme tu étais, je vais fer mer la p orte
sur nous.
Agnès. – Je v ous assur e , ma sœur , que je mour rais de confusion si une
autr e que v ous m’avait ainsi sur prise ; mais je suis certaine que v ous av ez
b e aucoup d’affe ction p our moi, c’ est p our quoi je n’ai p as sujet de rien
craindr e de v ous, quelque chose que v ous eussiez pu v oir .
3V énus dans le cloîtr e Chapitr e I
Angélique. – T u as raison, mon enfant, de p arler de la sorte ; et quand
je n’aurais p as p our toi toute la tendr esse qu’un cœur p eut r essentir , tu
de v rais toujour s av oir l’ esprit en r ep os de ce côté-là . Il y a sept ans que je
suis r eligieuse ; je suis entré e dans le cloîtr e à tr eize , et je puis dir e que je
ne me suis p oint encor e fait d’ ennemies p ar ma mauvaise conduite , ayant
toujour s eu la mé disance en hor r eur , et ne faisant rien plus au gré de mon
cœur que lor sque je r ends ser vice à quelques-unes de la communauté .
C’ est cee manièr e d’agir qui m’a pr o curé l’affe ction de la plup art, et qui
m’a surtout assuré celle de notr e sup érieur e , qui ne m’ est p as d’un p etit
usag e dans l’ o ccasion.
Agnès. – Je le sais, et je suis souv ent étonné e comment v ous aviez pu
fair e p our v ous ménag er celles même qui sont d’un p arti différ ent : il faut
sans doute av oir autant d’adr esse et d’ esprit que v ous, p our eng ag er de
telles p er sonnes. Pour moi, je n’ai jamais pu me gêner dans mes affe ctions,
ni travailler à av oir p our amies celles qui, natur ellement, m’étaient
indiffér entes. C’ est là le faible de mon g énie , qui est ennemi de la contrainte ,
et qui v eut en tout agir libr ement.
Angélique. – Il est v rai qu’il est bien doux de se laisser conduir e à cee
natur e pur e et inno cente , en suivant uniquement les inclinations qu’ elle
nous donne ; mais l’honneur et l’ambition, qui sont v enus tr oubler le r
ep os des cloîtr es, oblig ent celles qui y sont entré es à se p artag er , et à fair e
souv ent p ar pr udence ce qu’ elles ne p euv ent fair e p ar inclination.
Agnès. – C’ est-à-dir e qu’une infinité qui cr oient êtr e maîtr esses de
v otr e cœur n’ en p ossèdent seulement que la p eintur e , et que toutes v os
pr otestations les assur ent souv ent d’un bien dont elles ne jouissent p as
en effet. Je craindrais fort, je v ous l’av oue , d’êtr e de ce nombr e , et d’êtr e
une victime de v otr e p ol