Une princesse de Savoie à la cour de Louis XIVCharles de MazadeRevue des Deux Mondes T.34, 1861Une Princesse de Savoie à la cour de Louis XIVI . Mémoires d’une Demoiselle d’honneur de madame la duchesse deBourgogne. II. Souvenirs de madame de Caylus, nouvelle édition.La fortune se plaît à mêler sur la scène du monde bien des êtres divers, humbles ougrands, puissans ou gracieux, qui se montrent, passent, disparaissent, et les plusheureux, ceux qui gardent dans l’histoire la plus sympathique figure, ne sont pasceux qui vont jusqu’au bout de leur carrière. Ceux-là n’ont plus rien à demander à lavie, plus rien à donner d’eux-mêmes. Ils ont dit leur dernier mot, montrant tout cequ’ils pouvaient, tout ce qu’ils étaient, ne laissant rien à deviner, dissipant tropsouvent les charmes de leur jeunesse par les tristesses de leur déclin, etquelquefois on se prend à dire d’eux : «Ce n’était que cela!» Ceux quidisparaissent avant le temps ont pour eux le mystère d’une destinée inachevée, quin’a pas connu le désenchantement. Princes, poètes ou hommes d’état, ilsreprésentent une force brusquement enlevée au monde, ou un charmeprématurément évanoui, une espérance arrêtée dans son essor; ils sont comme lapoésie de l’histoire. Ce qui est arrivé de ceux qui ont vécu, nous le savons : c’est laréalité, souvent maussade, quelquefois navrante, rarement victorieuse. De ceux quis’en sont allés avant l’âge, nous ne savons rien ; l’imagination seule leur fait unedestinée ...
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