Un nouvel essai d’EsthétiqueEmile SaissetRevue des Deux Mondes T.36, 1861Un nouvel Essai d'Esthétique[1]La Science du Beau, par M. Charles Lévêque .La science du beau chez les modernes est toute récente. En Ecosse elle dated’Hutcheson, en Allemagne de Kant, en Angleterre de Burke, en France de M.Cousin. Sans dédaigner l’élégant Essai sur le Beau de cet aimable, honnête etcourageux jésuite, le père André, sans faire tort non plus aux Salons de Diderot, oùla verve incohérente et fumeuse de ce mobile génie éclate en mille brillans aperçus,on peut dire que c’est seulement depuis un demi-siècle que la philosophie du beaua pris parmi nous la forme d’une science.L’ouvrage que M. Charles Lévêque donne aujourd’hui au public vient en droite lignedu mouvement philosophique de 1818. Il ne doit rien à l’Allemagne, ni à l’Ecosse;c’est un livre tout français. Pour le juger, il faut voir ce qu’il emprunte et ce qu’ilajoute même aux travaux de M. Cousin et de M. Jouffroy. J’omets ici le nom deLamennais, qui a pourtant traité certaines parties de l’esthétique avec grandeur etoriginalité; mais, en dépit de son beau style, l’illustre auteur de l’Esquisse d’unePhilosophie n’a pas su donner à son idéalisme emprunté et tardif un caractèrephilosophique bien déterminé. Si M. Charles Lévêque n’avait eu d’autre ambitionque de résumer les travaux de l’esthétique française, il suffirait de dire qu’il s’estacquitté de cette tâche avec beaucoup de talent, que son livre, ...
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