Un mot sur la Polémique religieuseEdgar QuinetRevue des Deux Mondes4ème série, tome 30, 1842Un mot sur la polémique religieuseCeux, qui spéculent si bruyamment aujourd’hui sur des croyances respectablesavaient pris un autre ton depuis plusieurs années ; la polémique avait cédé à lapoésie ; l’ancienne controverse s’était changée en élégie. Ce n’étaient partout,dans cette théologie amoureuse, que cathédrales, ogives parfumées, petits versdemi-profanes, demi-sacrés, qui s’insinuaient en murmurant au cœur des plusrebelles ; art mystique, qui pour plus de tolérance sanctifiait les sens ; légionsd’anges tombés, relevés, qui toujours étaient là pour couvrir de leurs ailesindulgentes l’hérésie ou le péché. Le démon lui-même, toujours pleurant, rimait desvers mélancoliques, depuis qu’il avait pris la peau de l’agneau. Dans cechangement, il n’est pas de voltairien qui se ne fût senti gagné et appelé ; c’étaitnon pas une trêve, mais une paix profonde. Tant de douceur, tant d’amour, unepiété si compatissante ! où est l’ame qui n’en eût pas été touchée ? Les temps desprophètes étaient arrivés. Le loup dormait avec la brebis, c’est-à-dire, laphilosophie avec l’orthodoxie ; les incrédules répétaient sur leur lyre, les cantiquesspirituels des croyans, et les croyans purifiaient par la rime le doute des incrédules.Que ces temps étaient beaux, mais qu’ils ont passé vite ! C’est au milieu de ceparadis terrestre, que tout à coup ces voix emmiellées se sont remplies de ...
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