Léon TolstoïScènes de la vie russeHenri Gautier, 1890 (pp. 143-174).TROIS FAÇONS DE MOURIRIC’était en automne.Sur la route, deux voitures roulaient au grand trot.Dans la première, étaient assises deux femmes. L’une, la maitresse, était maigreet pâle. L’autre, la femme de chambre, avait de brillantes joues rouges.Des cheveux courts et noirs apparaissaient sous son chapeau fané, et sa main,sous le gant déchiré, les remettait de temps en temps en place.Un châle au crochet enveloppaot sa poitrine ; 444 rnoxs wagons nn Moumn l et sesyeux, vifs fet noirs, tantôt .suivaient, à travers la portière, les champs rapidement tra-versés, tantôt se tournaient timidement vers sa maîtresse, ou fouillaient tous lescoins de la voiture. Devant le nez de la femme de chambre se balançait, attaché aufilet de la voiture, le cha- peau de la maîtresse; un petit chien était cou- che sur sesgenoux, et ses pieds reposaient sur des caisses placées au fond de la voiture etque 1'on entendait ballotter, tandis que les ressorts craquaient sous les cahots, etque les portières clîquetaient. Les mains croisées sur les genoux, les yeux fermés,la maîtresse sfappuyait légèrement sur les coussins placés derrière elle, et, fronçantun peu le sourcil, elle tonssa, d’une t0ux.qu’elle cherchait à retenir. Elle avait la tètecouverte d’un bonnet de nuit et un foulard bleu etait noué autour de son cou délicatet blanc. Une raie droite, qui se perdait sous le bonnet, séparait ses cheveux,blonds, ...
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