Voyage dans l’Abyssinie méridionaleLouis ReybaudRevue des Deux Mondes4ème série, tome 27, 1841Voyage dans l’Abyssinie méridionaleJournal inédit de M. Rochet d’HéricourtLes alternatives de prospérité et de décadence, d’éclipses et de retours de fortune,qui affectent la vie des peuples semblent aussi atteindre parfois et transformercertaines zones de territoire. On croirait les voir, après un long sommeil, se réveilleret tressaillir, comme si elles avaient, dans le repos des siècles, retrouvé lesélémens d’une nouvelle fécondité. Plusieurs contrées présentent de nos jours lephénomène de cette renaissance, et, dans le nombre, il faut placer au premier rangla mer Rouge et l’isthme de Suez.Le rôle que joua le bassin arabique, dans l’enfance de la navigation, ne fut pas sanséclat et sans importance. En dehors même des souvenirs bibliques et destraditions miraculeuses qui s’y rattachent, cette mer fut le siège d’un grandmouvement commercial et maritime. Les flottes de Salomon la sillonnèrent danstoutes les directions. Elles partaient d’Asiongaber pour se rendre à Ophir, pays dela poudre d’or, dans les ports sabéens, où elles recueillaient l’encens et lesaromates, aux îles de Tyros et d’Arados, célèbres par leurs pêcheries de perles.Par Adulis, le golfe Arabique se mettait en communication avec Axoum et leroyaume de Méroë, par Thapsacus avec le haut-Euphrate, par Ocenis, Cané etAden avec toute la presqu’île asiatique, par Azania et Ptolémaïs avec le ...
Voir