Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SévignéLettres de Madame de Sévigné,de sa famille et de ses amisHachette, 1862 (pp. 121-126).1675442. —— DE MADAME DE SÉVIGNÉÀ MADAME DE GRIGNAN.eÀ Paris, lundi 9 septembre.Adieu, ma très-chère, je m’en vais monter en carrosse. Je quitte Paris pour quelque temps, avec la douleur de ne recevoir plus siréglément vos lettres, ni celles de mon fils, dont l’armée n’est point tant composée de pâtissiers, que je ne sois fort en peine de lui,non pas quand je pense au prince d’Orange, mais à M. de Luxembourg, qui est dans l’armée de mon fils, et à qui les mainsdémangent furieusement. Hélas ! vous souvient-il de notre folie, que M. de Turenne étoit dans l’armée de votre frère ? Enfin, voilà tousmes commerces dérangés, et je ne puis plus être bonne seulement à votre divertissement : tout le fagotage de bagatelles que je vousmandois va être réduit à rien ; et si vous ne m’aimiez, vous feriez fort bien de ne pas ouvrir mes lettres. Je m’en vais donc, ma très-chère, avec le bon abbé et Marie, et deux hommes à cheval ; j’ai six chevaux ; je m’en vais par Orléans et par Nantes ; je vous écrirai[1]par les chemins : c’est une de mes tendresses, comme dit Monceaux .Je n’ai jamais vu un homme adorable comme d’Hacqueville ; je ne sais pas comme sont les autres, mais pour celui que nous[2]connoissons, je croirois qu’il n’a point son pareil, sans la notoriété qui dit les d’Hacquevilles . Je lui ai recommandé une affaire du[3]sénéchal de ...
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