Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SévignéLettres de Madame de Sévigné,de sa famille et de ses amisHachette, 1862 (pp. 30-37).426. — DE MADAME DE SÉVIGNÉÀ MADAME DE GRIGNAN.eÀ Paris, vendredi 9 août.[1]Comme je ne vous écrivis qu’un petit billet mercredi , j’oubliai plusieurs choses àvous dire. M. Boucherat me manda lundi au soir que le Coadjuteur avoit fait[2]merveilles à une conférence à Saint-Germain, pour les affaires du clergé .Monsieur de Condom et Monsieur d’Agen me dirent la même chose à Versailles.Je me suis persuadé qu’il fera aussi bien à sa harangue au Roi : ainsi il faudratoujours le louer.Voilà donc, ma chère bonne, nos pauvres amis qui ont repassé le Rhin fortheureusement, fort à loisir, et après avoir battu les ennemis : c’est une gloire biencomplète pour M. de Lorges. Nous avions tous bien envie que le Roi lui envoyât lebâton après une si belle action, et si utile, dont il a seul tout l’honneur. Il a eu un coupde canon dans le ventre de son cheval, et qui lui passa entre les jambes : il étoit àcheval sur un coup de canon ; la Providence avoit bien donné sa commission àcelui-là, aussi bien qu’aux autres. Nous n’avons perdu que Vaubrun, et peut-être[3]Montlaur , frère du prince d’Harcourt, votre cousin germain : on n’en parle guèreplus que d’un chien. La perte des ennemis a été grande ; de leur aveu, ils ont quatremille hommes de tués ; nous n’en avons perdu que sept ou huit cents. Le duc deSault, le chevalier de Grignan et leur ...
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