Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SévignéLettres de Madame de Sévigné,de sa famille et de ses amisHachette, 1862 (pp. 86-91).435. —— DE MADAME DE SÉVIGNÉÀ MADAME DE GRIGNAN.eÀ Paris, lundi 26 août.Je revins samedi matin de Livry ; j’allai l’après-dînée chez Mme de Lavardin, quivous a écrit un billet en vous envoyant une relation. Cette marquise vous aimebeaucoup, et vous lui répondrez sans doute, comme vous savez si bien faire ; elles’en va de son côté, et d’Harouys et moi du nôtre : les vacances de la chicane fontpartir bien des gens. La cour est partie ce matin pour Fontainebleau : ce mot-là me[1]fait encore trembler ; mais enfin on y va se divertir : Dieu veuille que l’on ne nousassomme point pendant ce temps-là ! Le siége de Trèves se pousse vivement : s’ily a quelque balle qui ait reçu la commission de tuer le maréchal de Créquy, ellen’aura pas de peine à le trouver, car on dit qu’il s’expose comme un désespéré.[2]Monsieur le Prince est à l’armée d’Allemagne ; il a dit à un homme qu’il a vu enpassant ici près : « Je voudrois bien avoir causé seulement deux heures avecl’ombre de M. de Turenne, pour prendre la suite de ses desseins, et entrer dans lesvues et les connoissances qu’il avoit de ce pays et des manières de peindre duMontecuculi. » Et quand cet homme-là lui dit : « Monseigneur, vous vous portezbien, Dieu vous conserve, pour l’amour de vous et de la France ! » il ne réponditqu’en haussant les épaules. Mon fils me mande que le ...
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