Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SévignéLettres de Madame de Sévigné,de sa famille et de ses amisHachette, 1862 (pp. 145-148).1675149. —— DE MADAME DE SÉVIGNÉÀ MADAME DE GRIGNAN.[1] eÀ la Silleraye , mardi 24 septembre.Me voici, ma fille, dans ce lieu où vous avez été un jour avec moi ; mais il n’est pas reconnoissable ; il n’y a pas pierre sur pierre de cequi étoit en ce temps-là. M. d’Harouys manda de Paris, il y a quatre ans, à un architecte de Nantes, qu’il le prioit de lui bâtir unemaison : il lui envoya le dessin, qui est très-beau et très-grand. C’est un grand corps de logis de trente toises de face, deux ailes,deux pavillons ; mais comme il n’y a pas été trois fois pendant tout cet ouvrage, tout cela est mal exécuté : notre abbé est audésespoir ; M. d’Harouys ne fait qu’en rire ; il nous y amena hier au soir. M. de Lavardin est venu dîner avec nous, et m’arrête jusqu’àdemain matin. Il est impossible de rien ajouter aux honnêtetés, aux confiances et aux extrêmes considérations de M. de Lavardin pourmoi ; je vous assure que M. de Grignan ne pourroit pas m’en témoigner davantage, ni même plus d’amitié. Je n’ose plus vous dire du[2]bien de lui ; mais il a des qualités bien solides, et un désintéressement qui lui donne des tons bien propres à commander . Je vousendormirai quelque jour des affaires de cette province ; elles sont dignes d’attention ; et présentement il faut que vous souffriezqu’elles fassent mes nouvelles. 1675Quand mes lettres ...
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