Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SévignéLettres de Madame de Sévigné,de sa famille et de ses amisHachette, 1862 (pp. 48-50).430. — DE MADAME DE SÉVIGNÉÀ MADAME DE GRIGNAN.eÀ Versailles, mardi 13 août, à minuit.[1]Voici la nouvelle du jour. Le Roi vient de dire que le duc de Zell ayant assiégéTrèves, et le maréchal de Créquy s’étant acheminé pour y aller, ce duc avoit quittéle siège, brûlé son propre camp, passé la rivière sur trois ponts, chargé en flanc etbattu le maréchal de Créquy, pris son canon et son bagage, l’infanterie défaite, et lacavalerie dans un désordre effroyable. On ne savoit pas ce qu’étoit devenu lemaréchal de Créquy. On croit que les ennemis sont retournés à Trèves, qui est sans[2]gouverneur ; car M. de Vignori , allant visiter une batterie, fut renversé par son[3]cheval dans le fossé, dont il mourut sur-le-champ. Le pauvre la Marck et le[4]chevalier de Cauvisson ont été tués : on saura demain les autres. Voilà ce queSa Majesté a dit ; mais à Paris on dit et on croit savoir que c’est une vraie déroute.[5]Toute l’infanterie a été défaite, et la cavalerie en fuite et en désordre .eMercredi 14 août.J’ai couru tout le matin pour savoir des nouvelles de la Trousse et de Sanzei : on nedit rien de ce dernier ; on dit que la Trousse est blessé, et puis d’autres disent qu’onne sait où il est : ce qui paroît sûr, c’est qu’il n’est pas mort, puisqu’on sait le nom detant de gens au-dessous de lui. La consternation est grande. Rien ...
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