Lettre à Victor CousinAlessandro Manzoni1829Milan, 12 novembre. 1829.Il y a deux parties dans votre lettre du 17 août, cher ami : l’une, à laquelle j’aurais dûrépondre plus tôt ; l’autre, à laquelle, avec un peu plus de judiciaire, je ne devraisrépondre jamais, ou ne répondre autre chose, si non que je ne sais pas répondre.Vous savez, cher homme, ce que vous m’avez demandé : un jugement de votrejugement d’une fière époque de la philosophie, dans ses rapports avec laphilosophie toute entière. Je ne vous dis pas que cela soit trop, que vous ayezdonné au sujet une étendue arbitraire, messa troppa carne a fuoco, comme nousdisons ; je ne vous dis pas non plus qu’il ne soit pas bon d’avoir l’avis des gens :mais encore faut-il voir à qui l’on s’adresse. Or vous savez bien aussi à qui vousvous êtes adressé cette fois : vous savez que je suis un élève de rhétorique qui aiécouté, quelque fois et en passant, à la porte de la salle de philosophie, vous savezque, je ne dis pas pour répondre d’une manière satisfaisante à la question quevous me faites, mais pour en parler un peu pertinemment, il me faudrait quelquesmois d’étude spéciale de votre Cours, précédés de quelques années d’étude de labagatelle que vous y passez en revue. Est-ce à dire toutefois que je n’aie rien à diresur ce que j’ai eu le bonheur de lire jusqu’à présent de votre Cours ? Ah qu’il s’enfaut, mon ami ! Je ne me souviens guères d’avoir lu de livre qui m’ait fait penserautant de commentaires ...
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