Sur l’ouvrage de M. DunoyerFrédéric BastiatDe la liberté du travailÉbauche inédite. (1845.)« Il y a vingt ans, dit M. Dunoyer, que j’ai conçu la pensée de ce livre. » Certes,pendant ces vingt années, il n’en est pas une où cet important ouvrage eût pu avecplus d’à-propos être livré au public, et j’ose croire qu’il est dans sa destinée de fairerentrer la science dans sa voie. Un système funeste semble prendre sur les espritsun dangereux ascendant. Émané de l’imagination, accueilli par la paresse, propagépar la mode, flattant chez les uns des instincts louables mais irréfléchis dephilanthropie, séduisant les autres par l’appât trompeur de jouissances prochaineset faciles, ce système est devenu épidémique ; on le respire avec l’air, on le gagneau contact du monde ; la science même n’a plus le courage de lui résister ; elle serange devant lui ; elle le salue, elle lui sourit, elle le flatte, et pourtant elle sait bienqu’il ne peut soutenir un moment le sévère et impartial examen de la raison. On lenomme socialisme. Il consiste à rejeter du gouvernement du monde moral toutdessein providentiel ; à supposer que du jeu des organes sociaux, de l’action et dela réaction libre des intérêts humains, ne résulte pas une organisation merveilleuse,harmonique, et progressive, et à imaginer des combinaisons artificielles quin’attendent pour se réaliser que le consentement du genre humain. Nous ferons-nous tous Moldaves ? nous enfermerons-nous dans un phalanstère ? ...
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