Léon TolstoïDernières ParolesMercure de France, 1905 (pp. 307-317).[1]SUR LA RÉVOLUTION« Il n’y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. » Les révolutionnaires disentque leur activité a pour but la destruction de cet état de choses tyrannique quiopprime et déprave les hommes. Mais, pour l’anéantir, il faut d’abord en avoir lesmoyens. Pour cela, il faut qu’il y ait au moins une chance de succès de cettedestruction. Et il n’y a pas la moindre chance pareille. Les gouvernements, existant,depuis longtemps déjà, connaissent leurs ennemis et les dangers qui les menacent,et c’est pourquoi ils ont pris depuis longtemps et prennent toutes les mesuresrendant impossible la destruction de cet état de choses par lequel ils semaintiennent. Et les motifs et les moyens qu’ont pour cela les gouvernements sontles plus forts qui puissent exister : l’instinct de conservation et l’armée disciplinée. [2]La tentative révolutionnaire du 14 décembre s’est produite dans les conditionsles plus favorables : c’était le moment d’un interrègne de hasard et la plupart desrévoltés appartenaient à l’armée. Eh quoi ! À Pétersbourg et à Toultchinel’insurrection était réprimée presque sans effort par les troupes soumises auergouvernement, puis vint le règne de Nicolas 1 , inepte, brutal, qui déprava leshommes, et dura près de trente ans. Et toutes les tentatives de révolution, non depalais, qui suivirent celle-ci, en commençant par les aventures de dizaines dejeunes gens des ...
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