Charles Augustin Sainte-Beuve : Suite de Joseph Delorme (Édition Poésies, 1863)
SUITE
DE
JOSEPH DELORME
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POÉSIES DU LENDEMAIN OU DANS LE MÊME TON
SUITE DE JOSEPH DELORME
A MADAME ADÈLE J…
QUI AVAIT LU ATEC ATTERDRISSEUEKT LES POESIES DU JBUKE
AUTEUR qu’elle CROYAIT MORT.
Et c’est lui, c’est bien lai dont tous avez parlé :
Si vous Vame% connu, vous rauriez consolé !
Vous me Favez écrit ; n’est-il pas vrai» Madame ?
Et depuis bien des nuits ce mot me trouble Tâmei
Et je me dis souvent qu’il aurait été doux
Pour lui, d’être compris et cohsolé par vous.
Biais, saviez-v0us, hélas ! compatissante et belles
En écrivant ce mot à son ami fidèle,
Baviez-vons ce que fut celili que nous pleui’ons ?
Saviez-vous ses ennuis, toiis ses secrets affronts^
Tout ce qu’il épanchait de bile amère et lehte :
Que te marais stagnant avait l’oride brûlante ;
Que fcet ombrage obscur et plus noir qu’un cypréà
Donnait un lourd vertige à qui dormait trop prés ?.. ;
Savez-vouà de quels soins, de quelle molle adressé
176 POÉSIES
Vous
auriez dû nourrir et bercer sa tendresse ;
Que même entre deux bras croLsés contre son cœur,
11 eût aimé peut-être à troubler son bonheur,
Et ce qu’il eût fallu de baisers et de larmes ?…
Et savez-Tous aussi, vous, brillante de charmes,
Que ce jeune homme, objet de vos tardifs ayeux,
N’était point un amant aux longs et noirs cheveux,
Au noble front rêveur, à la marche assurée.
Qu’il n’avait ni cils blonds, ni prunelle azurée,
Ni l’accent qui séduit, nii’œil demi-voilé ...
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