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Publié par
Nombre de lectures
60
EAN13
9782824712444
Licence :
Libre de droits
Langue
Français
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EAN13
9782824712444
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Français
MA U RICE BARRÈS
U N JARDI N SU R
L’ORON T E
BI BEBO O KMA U RICE BARRÈS
U N JARDI N SU R
L’ORON T E
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1244-4
BI BEBO OK
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Sour ces :
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– Gabriel Cab os
Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok. d’une brûlante jour né e de juin 1914, j’étais assis au b ord
de l’Or onte dans un p etit café de l’antique Hamah, en Sy rie .A Les r oues r uisselantes qui tour nent, jour et nuit, au fil du fleuv e
p our en éle v er l’ e au bienfaisante , r emplissaient le ciel de leur g
émissement, et un jeune savant me lisait dans un manuscrit arab e une histoir e
d’amour et de r eligion. . . Ce sont de ces heur es divines qui demeur ent au
fond de notr e mémoir e comme un trésor p our nous enchanter .
Pour quoi me tr ouvais-je ce jour-là dans cee ville my stérieuse et si
sè che d’Hamah, où le v ent du désert soulè v e en tourbillons la p oussièr e
des Cr oisés, des Séleucides, des Assy riens, des Juifs et des lointains P
héniciens ? J’y aendais que fût or g anisé e une p etite caravane av e c laquelle
j’allais p ar courir les monts Ansariehs, p our r e cher cher dans leur s vieux
donjons les descendants des fameux Haschischins. Et ce jeune savant, un
Irlandais, char g é p ar le British Museum des fouilles de Djerablous sur
l’Euphrate , une heur euse fortune v enait de me le fair e r encontr er qui
flânait comme moi dans les r uelles du bazar .
D eux eur op é ens p erdus au milieu de ces maisons av eugles et muees,
sous un soleil tor ride , ont tôt fait de s’asso cier . C’était d’ailleur s, cet
Irlandais, un de ces hommes d’imagination impr o visatrice qui sav ent animer
1Un jardin sur l’Or onte Chapitr e
chaque minute de la vie et chez qui l’ effr o yable chaleur de l’été sy rien
dé v elopp e cee sorte de p o ésie qui vient du frémissement des nerfs à nu,
une p o ésie d’é cor ché vif. Après av oir p ar cour u la ville et p oussé jusqu’aux
jardins, qui la pr olong ent durant quelque cent mètr es sur le fleuv e , nous
avions v u tout et rien. el esprit se cache dans Hamah ? À quoi song ent
ces Sy riens ? On v oudrait compr endr e , on v oudrait ap er ce v oir dans ce
décor monotone , au co eur de ces p etites maisons, toutes p ar eilles et toutes
fer mé es, plus que des intérieur s de p atios, des intérieur s d’âmes.
— Ne p ensez-v ous p as, me dit l’Irlandais, que le mieux serait
maintenant que nous cher chions des antiquités ?
Un indigène nous conduisit de vant une p orte qu’il heurta d’une suite
de coups conv enus, et après quelques p our p arler s et les cinq minutes qu’il
fallut p our que les femmes se r etirassent, nous fûmes intr o duits dans un
divan, où, le café ser vi, un juif nous montra ses trésor s : deux ou tr ois
bustes funérair es de Palmy r e , qu’il débar rassa des ling es qui les env
elopp aient comme les bandelees d’une momie , des monnaies d’ or et d’ar g ent
à l’ effigie des emp er eur s sy riens, et un manuscrit arab e .
— Le manuscrit, me dit l’Irlandais, après un e x amen rapide , est d’une
é critur e mé dio cr e , mais à pr emièr e v ue il me semble très curieux. Il p
ourrait êtr e d’un de ces métis d’O ccidentaux et d’indigènes que les Cr oisés
app elaient, ici, des Poulains et, en Grè ce , des Gasmules. Les Poulains ( d’ où
vient ce nom, je l’ignor e ) étaient les pr o duits de pèr e franc et de mèr e
syrienne , ou de pèr e sy rien et de mèr e franque . Leur s é crits sont rar es, et,
comme v ous p ensez, d’un esprit plutôt singulier . Il est v raisemblable que
l’auteur de la Chronique grecque de Morée était un Gasmule , et le ré cit que
v oici p eut pr o v enir de quelque Poulain app artenant à la maison d’un
bar on à qui le raachait sa naissance et qu’il ser vait comme inter prète p our
les langues orientales.
C’était une heur euse tr ouvaille . Mon comp agnon acheta les pré cieux
feuillets, je choisis une piè ce d’ or d’Héliog abale où figur e la pier r e noir e
qu’adorait ce jeune dément, et nous allâmes nous asse oir au p etit café
sous les p euplier s de l’Or onte .
elques Arab es commençaient d’y ar riv er , car le soleil descendait
sur l’horizon, et déjà les colomb es et les hir ondelles ouv raient leur s
grands v ols du soir . Mon savant se plong e a dans l’ e x amen de son
gri2Un jardin sur l’Or onte Chapitr e
moir e , et moi, sous les b e aux arbr es, – p ar eils aux arbr es de chez nous,
mais qu’ici l’ on bénit de daigner e xister et fraîchir à la brise , – en face
de cee e au de salut et de vant ces humbles r oues de moulin éle vé es à la
dignité de p oèmes vivants, je g oûtai la v olupté de ces vieilles o asis d’ Asie ,
accordé es invinciblement av e c les pulsations se crètes de notr e âme . Ine
xplicable nostalgie ! À quel g énie s’adr essent les inquiétudes que fait le v er
dans notr e conscience un dé cor si p auv r e et si fort ? ’ est-ce que j’aime
en Sy rie et qu’y v eux-je r ejoindr e ? Je cr ois que j’y r espir e , p ar-dessus
les quatr e fleuv es, un souv enir des délices du jardin que nous fer ma jadis
l’ép é e flamb o yante des K er oubs.
— Oui, v raiment, une histoir e curieuse , dit l’Irlandais, au b out d’une
heur e qu’il avait p assé e sans le v er le nez de dessus son te xte , et d’autant
plus intér essante p our nous qu’ elle se dér oule dans la région. A v ez-v ous
v u sur l’Or onte , en v enant d’Homs et non loin du villag e de Restan, les
r uines d’un châte au et d’un monastèr e ? Certaines cartes les indiquent
sous le nom de Q alaat-el- Abidin, la forter esse des adorateur s. C’ est là que
vivait au tr eizième siè cle ( j’av oue que je viens de l’appr endr e ) un de ces
r oitelets v oluptueux et lerés, innombrables dans les annales du monde
musulman, qui p assaient leur vie au milieu de leur s femmes à é couter
des v er s et de la musique et à discuter sur des nuances grammaticales ou
sentimentales, en aendant que p our finir , soudain, ils disp ar ussent dans
un coup de v ent comme meur ent les r oses.
— Brav o ! lui dis-je , v oici du r enfort. Hamah, cee après-midi, sous le
soleil