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Nombre de lectures
34
EAN13
9782824712505
Licence :
Libre de droits
Langue
Français
REN É BAZI N
ST ÉP HAN ET T E
BI BEBO O KREN É BAZI N
ST ÉP HAN ET T E
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1250-5
BI BEBO OK
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Sour ces :
– Bibliothè que Éle ctr onique du éb e c
Ont contribué à cee é dition :
– Gabriel Cab os
Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.A v ertissements de l’auteur
la pr emièr e que j’ai é crite . Cela me r ep orte à
quelque douze ans en ar rièr e , à un certain déjeuner chez un ami,C où M. de May ol de Lupp é , alor s dir e cteur de l’Union, me pr op osa,
à moi intimidé , balbutiant et heur eux, de « m’ ouv rir ses colonnes ».
J’é crivis, – av e c quel amour et quel soin, mon vieux manuscrit, v ous
êtes là p our le dir e ! – l’histoir e de Stéphanee , qui n’était p as tout
inv enté e p ar moi, loin de là . Hudoux a vé cu ; j’ai v u dans mon enfance la
r ue de l’ Aiguillerie , av e c ses maisons anciennes, aux pignons p ointus, aux
façades dé coré es de cr oisillons de b ois ; et les p ay sag es que je p eignais, je
les avais sous les y eux : c’étaient nos cher s no y er s de la Buffeterie , plus
touffus, plus gr os, plus âg és que le logis lui-même , p as plus v erts cep
endant ; car du lier r e , des vignes vier g es, des r osier s grimp ants, je n’ en ai
jamais v u tant qu’autour de nos fenêtr es. C’était aussi la camp agne b
oisé e , incr o yablement déserte , silencieuse , env elopp é e dans les r eplis des
futaies de Pigner olles. Les chansons mêmes je les avais entendues, et les
ré cits de chouannerie qui m’avaient si souv ent fait frissonner , quand mon
grand-pèr e les chantait ou les contait, lui dont le pèr e s’était bau en ce
temps-là .
Stéphanee p ar ut signé e d’un pseudony me , natur ellement. Ce fut le
1Stéphanee Chapitr e
der nier feuilleton de l’Union, qui cessa de viv r e en même temps que le
prince dont elle ser vait la cause . Le der nier numér o du jour nal est, je cr ois,
celui où la mention « fin » est mise au bas de « Stéphanee , p ar Ber nard
Seigny », et le contraste était grand, je m’ en souviens, entr e les articles
de deuil dont il était r empli et ce dénouement d’une histoir e d’amour si
jo y eux et si jeune .
Oui, très jeune : je le sais, et je n’y chang e rien. Il se tr ouv era des âmes
jeunes aussi p our l’aimer . Le monde se r enouv elle . Pour quoi ne p as laisser
à notr e p ensé e d’autr efois l’accent qui lui conv enait et l’ e xprimait alor s ?
Si nous av ons chang é , d’autr es sont nés après nous, qui s’ép anouissent
à présent sur l’arbr e toujour s en fleur de la vie ; ils ont r epris nos rê v es
anciens, notr e ancienne et douce confiance dans l’av enir , et le g oût
charmant de l’idylle qui dur e un seul moment. Ce liv r e , qu’ on réimprime , je
le dé die à ceux-là . Ils ont l’âg e que j’avais, et l’âme heur euse dont je me
souviens.
R. B.
Les Rang e ardièr es, 2 mai 1896.
n
2CHAP I T RE I
dans la r ue de l’ Aiguillerie , l’une des
vieilles r ues d’ Ang er s, une maison à colombag e , à double pi-L gnon, qui datait du X V I ᵉ siè cle .
La b outique n’avait p as d’ enseigne ; la p orte basse appuyé e sur deux
mar ches, les montants et les bar r e aux des deux fenêtr es qui enchâssaient
de p etites vitr es car ré es et v ertes, étaient r e vêtues d’un enduit que le
soleil, la pluie , les ans, avaient b our souflé p ar endr oits, é caillé en d’autr es,
et r e couv ert p artout d’une teinte de vieillesse et de misèr e .
À l’intérieur , l’asp e ct, était tout autr e : la vaste salle était encombré e
de ce qu’ on est conv enu d’app eler des curiosités, débris qu’un siè cle lègue
à l’autr e , frip erie doré e , lux e fané , r eliques saintes ou pr ofanes, choses
déclassé es, dont l’histoir e , comme celle des hommes, est pleine d’av entur es ;
objets rar ement utiles, quelquefois pré cieux, toujour s cher s.
Le simple curieux, le colle ctionneur riche qui mar chande , l’amateur
p auv r e qui conv oite longtemps, achète rar ement et mar chande p eu, se
3Stéphanee Chapitr e I
donnaient r endez-v ous dans la b outique du br o canteur . On y tr ouvait
toujour s ce qu’ on cher chait au milieu d’une foule de choses qu’ on ne
cher chait p as : appliques doré es, ar morié es, taché es encor e de la cir e du
der nier bal de l’ancien régime ; in-folios aux r eliur es damasquiné es, à
fermoir s d’ar g ent, dont les p ag es, encor e mar qué es de p etites bandes de p
apier jaunies p ar le temps, aestaient qu’une âme inconnue avait r encontré
un jour dans ce liv r e une lar me , un sourir e dont elle v oulait noter l’
endr oit ; étoffes de soie br o ché e dont la p oussièr e dessinait les plis ; ép é es
de tous les âg es, de tous les styles, depuis l’ép é e de cour enjolivé e d’ or
et de p erles, aux lames plates et immaculé es, jusqu’aux longues rapièr es
esp agnoles qui, sur leur lame d’acier sombr e , p ortaient, comme un
ornement d’inestimable valeur , la signatur e d’un grand maîtr e de T olède ,
la co quille ouv erte d’un Lupus Aguado ou les cise aux d’un Sanchez
Clamade ; pistolets d’ar çons ; meubles de chêne , de no y er , de cerisier massifs,
sculptés en plein b ois p ar quelqu’un de ces artistes mo destes qui trav
ersaient autr efois la France , laissant dans les moindr es villag es des œuv r es
mer v eilleuses sans p enser même à les signer ; coffr es de mariag e av e c
ser r ur es flor entines ; mir oir s de toutes sortes, car rés, o vales, hollandais,
vénitiens, encadrés de nacr e , d’é caille ou de cuiv r e , et dont la plup art, à en
jug er p ar la richesse de leur s ciselur es et l’élég ance de leur for me , avant
de tomb er dans ce ré duit obscur avaient r eflété tout un monde de b e auté
et de jeunesse en fête ; cr oix de saint Louis ; estamp es ré v olutionnair es
entassé es der rièr e une allég orie imp ériale ; vieilles monnaies et agrafes
dans un plat de Rouen, d’ où s