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25
EAN13
9782824712840
Licence :
Libre de droits
Langue
Français
REN É BAZI N
MA T AN T E GI RON
BI BEBO O KREN É BAZI N
MA T AN T E GI RON
1885
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1284-0
BI BEBO OK
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Sour ces :
– Calmann Lé v y , Éditeur
– Bibliothè que Éle ctr onique du éb e c
Ont contribué à cee é dition :
– Gabriel Cab os
Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.CHAP I T RE I
— À v ous un liè v r e !
L’animal v enait, en effet, de déb ouler dans un champ de trèfle
nouv ellement fauché , sous les pie ds du g arde , qui l’avait manqué de ses deux
coups de fusil. Il ar rivait, haut sur p aes, les or eilles dr oites, au p etit g
alop , sur les tr ois autr es chasseur s qui baaient en ligne la piè ce de trèfle .
Il p assa d’ab ord à tr ente p as du bar on Jacques. Le jeune homme tira sans
viser : p an ! p an ! Le liè v r e ne br oncha p as. Seulement une fine p oussièr e ,
comme en fait un moine au qui se p oudr e , s’éle va der rièr e lui.
Ce fut le tour du comte Jules. Camp é fièr ement, le pie d dr oit sur un
sillon, le pie d g auche sur un autr e , il ép aula son fusil neuf aux fer r ur es
d’ar g ent, ajusta longuement, puis rabait l’ar me en criant :
— Hor s de p orté e !
Il faut dir e qu’il manquait souv ent, et qu’il ép ar gnait les coups p our
ép ar gner son amour-pr opr e .
À ce cri, le liè v r e fit un b ond, tour na à angle dr oit, se ramassa sur
1Ma tante Gir on Chapitr e I
lui-même , et, couchant ses or eilles, s’éloigna grand train dans le cr eux du
sillon.
Mon grand-pèr e était le der nier sur la ligne des chasseur s, un p eu en
ar rièr e du comte . Il eut un sourir e nar quois. Ses comp agnons qui l’
observaient, le vir ent mer e la main à sa p o che dr oite , en r etir er sa tabatièr e ,
humer une p etite prise , puis r entr er l’ objet dans les pr ofondeur s d’ où il
l’avait sorti. Alor s, seulement alor s mon grand-pèr e le va son fameux fusil
en fer aigr e . Il ép aula viv ement. Le chien s’abait. On entendit un br uit
de capsule et, une demi-se conde après, une détonation un p eu plus forte :
au b out du champ , tout près de la haie , le liè v r e culbutait, et tombait raide
mort entr e deux touffes de trèfle r oug e .
— V oilà , jeunes g ens, comment on tue un liè v r e ! s’é cria mon
grandpèr e .
Et, quand ils se fur ent appr o chés :
— elle distance , hein ! cent p as au moins.
— Oh ! cent p as ? dit le bar on en ho chant la tête , v ous le faites courir
encor e v otr e liè v r e .
— Il était loin, soupira le comte .
— Nous allons v oir , répliqua mon grand-pèr e .
Et il se mit à mar cher sur le dos du sillon, dans la dir e ction de la haie .
Il faisait les p as fort p etits, d’ab ord p ar ce qu’il n’était p as grand, et
aussi p our en compter davantag e .
— Soix ante-dix-neuf, quatr e-vingts, quatr e-vingt-un, quatr
e-vingtdeux ! dit-il en ar rivant près du liè v r e . elle distance !
Il ramassa la bête , e x amina la blessur e , – une demi-douzaine de grains
de plomb dans la nuque , – et se donna le plaisir de glisser lui-même la
victime dans la car nassièr e du g arde , déjà pleine , sur laquelle s’ar r ondissait,
luisante et glorieusement usé e p ar endr oits, une p e au de sanglier . Puis il
aeignit un flacon d’huile , une br osse courte , un p aquet de chiffons, et
s’assit sur l’herb e .
Le bar on Jacques, que l’ardeur de la jeunesse et le dépit d’un coup
manqué p oussaient en avant, s’était déjà r emis en r oute . Il se r etour na en
disant :
— Mais, v enez donc, il y a des p erdr . . .
2Ma tante Gir on Chapitr e I
La phrase e xpira sur ses lè v r es. Il v enait d’ap er ce v oir mon grand-pèr e ,
assis sur l’herb e , qui plong e ait, dans le canon dr oit de son fusil, la baguee
entouré e d’un ling e gras. Il eut un p etit haussement d’ép aules.
— C’ est juste , mur mura-t-il, le fer aigr e . . . en v oilà un instr ument !
Il continua de mar cher v er s le champ v oisin.
— Allez, allez, Jacques, criait mon grand-pèr e ; je v ous r ejoindrai tout
à l’heur e ; v ous sav ez que ce sont des gris : pr enez le v ent !
Puis, sans se pr esser , il se r emit à neo y er son fusil en fer aigr e . En
fer aigr e ! Le le cteur s’étonnera p eut-êtr e de cee e xpr ession. Il est cep
endant incontestable que mon grand-pèr e avait un fusil en fer aigr e . Je le
conser v e encor e , ce vieux fusil ennobli p ar tant d’ e xploits, au b ois
originair ement br un foncé , pr esque noir aujourd’hui, soumis qu’il a été depuis
vingt ans, sur les cr o chets d’une cheminé e , au régime des jamb ons d’Y ork.
Il n’a rien de r emar quable à l’ œil. C’ est une ar me de p etit calibr e , à courte
cr osse sur laquelle est ébauché e une tête de sanglier , à canons très longs
et très minces, for g és p ar une main qui n’était p as célèbr e et ne les a p as
signés. À v oir l’ép aisseur de ces humbles tub es d’acier , qui est, à l’ e
xtrémité , celle d’une feuille de fort p apier , un sp ortsman d’aujourd’hui
sourirait de pitié . Pourtant, ces deux mauvais canons, p endant soix ante ans,
ont supp orté l’ effort de la p oudr e , la br ume des marais, les é clab oussur es
de r osé e des champs de choux et les ardeur s des grands jour s chauds. Ils
p ortaient le plomb et la balle av e c une ég ale pré cision, sup érieur s en cela
aux cho ck-b or e d à la mo de , qui é clatent sous la pr ession d’une balle : à
quatr e-vingts p as, ils log e aient dix grains de plomb dans une p omme , –
une gr osse p omme , – à cent p as, ils abaaient un loup . Ils n’avaient qu’un
défaut, celui de s’ encrasser très vite . L’acier dont ils étaient for g és avait
une é cor ce r ugueuse , pr enante , happ ant et r etenant la fumé e au p assag e ,
aigr e en un mot. D éfaut grav e et gênant, qui oblig e ait mon grand-pèr e , –
du moins l’ e x cellent homme le cr o yait-il, – à p asser un ling e gras dans le
canon de son fusil dès qu’il avait tiré , et, tous les vingt coups, à lav er les
deux canons à grande e au.
Ce que de semblables op érations valur ent à mon grand-pèr e de r
epr o c hes et d’ e x clamations de la p art de ses comp agnons de chasse , on le
de vine sans p eine . Elles se r enouv elaient fré quemment : il y avait ta