E. T. A. Hoffmann — C o n t e sLe Magnétiseur1814LE MAGNÉTISEURScènes de la vie privéeTraduit par Henry EgmontSonge, mensonge.Les rêves sont de l’écume, dit le vieux baron en étendant la main vers le cordon dela sonnette pour que le vieux Kaspar vint l’éclairer jusqu’à sa chambre à coucher ;car il était tard, un vent piquant d’automne pénétrait dans le vaste salon d’été malgaranti, et Maria, étroitement enveloppée dans son châle, les yeux à demi-fermés,semblait ne pouvoir plus résister à l’envie de dormir.« Et cependant, reprit-il avant d’avoir sonné, et le corps penché en avant hors dufauteuil, les deux mains appuyées sur ses genoux, et cependant je me souviens debien des rêves extraordinaires que j’ai faits étant jeune ! — Eh ! mon excellent père,s’écria Ottmar, quel rêve n’est donc pas extraordinaire ? mais ceux-là seuls quinous révèlent une circonstance frappante, les esprits précurseurs des grandesdestinées, comme dit Schiller, qui nous transportent tout à coup d’un élan rapidedans les sombres et mystérieuses régions où nos yeux débiles n’osent jeter que detimides regards, ceux-là seuls nous causent une impression profonde dontpersonne ne peut se dissimuler la puissance. »Le baron répliqua d’une voix sourde : « Tout rêve, vaine écume ! — Je m’empare,répartit Ottmar, de ce dicton même des matérialistes qui trouvent tout naturels lesplus merveilleux phénomènes, tandis que souvent la chose la plus naturelle leurparait prodigieuse et inconcevable ...
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