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Publié par
Nombre de lectures
31
EAN13
9782824712697
Licence :
Libre de droits
Langue
Français
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9782824712697
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Français
H EN RY BORDEA UX
LE F AN T ÔME DE LA
RU E MICH EL- ANGE
BI BEBO O KH EN RY BORDEA UX
LE F AN T ÔME DE LA
RU E MICH EL- ANGE
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1269-7
BI BEBO OK
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– Gabriel Cab os
Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
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compris à Bib eb o ok. L demain.
L À Henri de Régnier
Mon cher ami,
Aux temps lointains du symbolisme, quand vous étiez déjà un prince de la
jeunesse et que je publiais – à vingt ans à peine – mon premier livre, une
brochure sur Villiers de l’Isle-Adam, je me souviens de vous avoir entendu
commenter ces contes étranges, l’Inter signe , V éra, Clair e Lenoir où se
superposent deux visions, l’une du monde réel, l’autre du monde invisible scruté
et investi. Je n’osais, dans mon ombre, supposer alors que mon admiration
pour le poète qui célébrait si noblement, et non sans quelque élégante et
courtoise ironie, l’auteur d’ Ak é dy sseril, se doublerait un jour d’amitié, et
je ne pouvais soupçonner que je connaîtrais l’honneur d’être reçu par lui à
l’Académie française.
Voulez-vous me permere, en souvenir de ces heureux temps, de vous
offrir cet ouvrage où s’opposent deux explications des phénomènes occultes ;
si j’ai penché pour la plus naturelle, c’est peut-être que j’aime trop notre
1Le fantôme de la r ue Michel- Ang e Chapitr e
bonne terre pour désirer de la quier. . .
Henry Bordeaux.
Chalet du Maup as, ce 1 ᵉʳ septembr e 1922.
n
2CHAP I T RE I
Dîner d’av ant-guer r e
hôtel de la r ue Michel- Ang e , à A uteuil, constr uit
et meublé p ar lui-même , Falaise avait convié ses meilleur s amisD – ou, plutôt, ses amis les plus r enommés, car il lui faut v
olontier s un p eu de publicité p our stimuler ses sentiments, – afin de célébr er
le succès de son fils Ge or g es, son fils unique , r e çu à l’École des Be
auxArts, C’était avant la guer r e , – au mois de juin 1914, si j’ai b on souv enir .
Il avait réuni des pr ofesseur s de l’École , de grands entr epr eneur s, enfin le
critique d’art, Mer valle , et Ber nin, le fameux historien de la Renaissance ,
tous accomp agnés de leur s femmes, sauf Ber nin qui est célibatair e et qui
p assait alor s p our fair e un doigt de cour – comme on disait autr efois – à
la blonde et subtile M ᵐᵉ Mer valle , d’ origine anglaise et tout inspiré e , dans
ses toilees et son g enr e d’ esprit, des p eintr es préraphaélites, char mants
mo dèles désuets. Elle se situait elle-même dans une mo de et un temps
rév olus, ce qui ne de vait p as déplair e à un é v o cateur du p assé . La cour d’un
Ber nin ne saurait êtr e se crète : il s’ébr oue , s’étale , se se coue comme un
3Le fantôme de la r ue Michel- Ang e Chapitr e I
p achyder me sortant d’un fleuv e et mène grand vacar me av e c ses ane
cdotes et thé ories d’histoir e sur l’ép o que de Machiav el et de Laur ent de
Mé dicis : mais il conte bien, il a du trait, du mouv ement, de la couleur , et
il sait intér esser même une femme délicate et fine .
M ᵐᵉ Falaise avait manqué à toutes les habitudes mondaines en ne le
plaçant p as dans le v oisinag e de son flirt. Mais M ᵐᵉ Falaise n’a aucun
souci des usag es mondains : elle est demeuré e de sa pr o vince et supplé e
p ar sa b onté sy mp athique et sa douceur aimable à cet esprit d’intrigue
qui agite tant de maîtr esses de maison. Elle p ossède une qualité
infiniment rar e dans le tohu-b ohu et le tintamar r e actuels : elle est r ep osante .
and on est las d’ entendr e les affir mations catég oriques des jeunes g ens
et les jug ements définitifs des jeunes filles, on la r eg arde av e c plaisir , car
elle n’a p as d’avis et ne cher che p as à v ous en inflig er un d’autorité . Par
sur cr oît, elle est distingué e et g arde , la quarantaine accomplie , un char me
de noblesse p aisible et de dignité morale . En tenant é cartés l’un de l’autr e
M ᵐᵉ Mer valle et M. Ber nin, elle n’avait p as fait un si mauvais mar ché .
L’historien, p our plair e à trav er s la table , se mit en frais, et le mari, piqué
au jeu, lui donna la réplique , en sorte que nous assistâmes, ce soir-là , à
une joute oratoir e éblouissante comme un jeu d’ép é es entr e escrimeur s
français et italien, l’un cor r e ct et rapide dans ses p arades et ses feintes,
l’autr e e xp ert aux immenses moulinets et aux char g es br uyantes.
Cep endant, toujour s curieux de sur pr endr e en action les p assions
humaines, j’avais fait des y eux le tour de la table p our y cher cher d’autr es
éléments d’intérêt et j’avais ap er çu, à l’un des b outs, une jeune fille , la
seule de l’assistance , qui était la v oisine du hér os de la fête , Ge or g es
Falaise , le nouv el élè v e des Be aux- Arts. Une jeune fille vêtue simplement,
pr esque tr op simplement, d’une r ob e r ose sans un pli – de ces r ob es
étr oites que l’ on p ortait alor s et qui liv raient aisément les for mes du
cor ps – mais assez dé colleté e p our laisser p arler en sa fav eur les bras,
les ép aules, le cou d’une blancheur p olie et comme glacé e . Le visag e au
r ep os était sans é clat, sans ray onnement, et je m’ en serais détour né assez
vite , malgré la régularité des traits, si je n’avais été airé p ar son e xpr
ession même , concentré e , contracté e , fer mé e , les lè v r es minces et ser ré es,
les y eux v erts indiffér ents, toute la p ose immobile , celle que les sculpteur s
prêtent à Poly mnie , la muse de la Mé ditation.
4Le fantôme de la r ue Michel- Ang e Chapitr e I
— elle est cee jeune fille ? m’infor mai-je auprès de ma v oisine ,
M ᵐᵉ Rémy , la femme du grand constr ucteur , qui est une familièr e de la
maison.
— Une p ar ente de pr o vince , M ˡˡᵉ Suzanne Gir oux. La cousine p auv r e .
— Une jolie cousine .
— V ous tr ouv ez ? Il me semble qu’ elle est insignifiante . Les Falaise
sont très b ons