Le chipmoun. C'était en janvier, à moins que ce soit en février, il faut dire que les jours se suivent, et que le temps passe vraiment vite au restaurant Le Majestic. Par contre; même si il est incapable aujourd'hui de dire le mois, ce que Lukas est sûr c'est que c'était un jeudi. Tout simplement parce que le jeudi, le patron n'est pas là, qu'il doit ouvrir les portes de la cuisine pour les commis et qu'il arrive systématiquement en retard au marcher de Rungis. Et si il y a un jour que Lukas déteste plus parmi tous, c'est bien le jeudi. Ils le savent les autres grands chefs de la place parisienne que Lukas arrive en retard chaque jeudi, et c'est ce jour là qu'ils en profitent pour faire le plein des frigos pour le week-end. Et lorsque Lukas arrive au stand de ses fournisseurs principaux, souvent, il n'y a plus rien. Il doit se satisfaire de quelques abats, de légumes flétris, ou quelques maigres maquereaux, lorsque ses concurrents emballent du thon frais, de succulentes côtelettes, ou des pintades bien dodues qu'il aurait pu faire rôtir longuement à la broche devant le feu de bois. Si Lukas se souvient plus particulièrement de ce jeudi là, c'est que son marcher à été encore plus pitoyable que les autres semaines, il n'avait jamais vu aussi peu.
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