45
pages
Français
Documents
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe Tout savoir sur nos offres
45
pages
Français
Documents
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe Tout savoir sur nos offres
Publié par
Nombre de lectures
56
EAN13
9782824712925
Licence :
Libre de droits
Langue
Français
BARBEY D’ A U REV I LL Y
LE CA CH ET D’ON YX
BI BEBO O KBARBEY D’ A U REV I LL Y
LE CA CH ET D’ON YX
1831
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1292-5
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comA pr op os de Bib eb o ok :
V ous av ez la certitude , en télé char g e ant un liv r e sur Bib eb o ok.com de
lir e un liv r e de qualité :
Nous app ortons un soin p articulier à la qualité des te xtes, à la mise
en p ag e , à la ty p ographie , à la navig ation à l’intérieur du liv r e , et à la
cohér ence à trav er s toute la colle ction.
Les eb o oks distribués p ar Bib eb o ok sont ré alisés p ar des béné v oles
de l’ Asso ciation de Pr omotion de l’Ecritur e et de la Le ctur e , qui a comme
obje ctif : la promotion de l’écriture et de la lecture, la diffusion, la protection,
la conservation et la restauration de l’écrit.
Aidez nous :
V os p ouv ez nous r ejoindr e et nous aider , sur le site de Bib eb o ok.
hp ://w w w .bib eb o ok.com/joinus
V otr e aide est la bienv enue .
Er r eur s :
Si v ous tr ouv ez des er r eur s dans cee é dition, mer ci de les signaler à :
er r or@bib eb o ok.com
T élé char g er cet eb o ok :
hp ://w w w .bib eb o ok.com/se ar ch/978-2-8247-1292-5Cr e dits
Sour ces :
– Bibliothè que Éle ctr onique du éb e c
Ont contribué à cee é dition :
– Gabriel Cab os
Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
Except where otherwise noted, this work is licensed under
h tt p : / / c r e a ti v e c o m m on s . or g / l i c e n s e s / b y - s a / 3 . 0 /
Lir e la licence
Cee œuv r e est publié e sous la licence CC-BY -SA, ce qui
signifie que v ous p ouv ez lég alement la copier , la r e
distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.CHAP I T RE I
Le cachet d’ony x
donc bien hor rible , douce Maria ? Hier v otr e
fr ont si blanc, si limpide , se crisp ait rien qu’à le v oir , ce diableO noir , comme l’app elle Émilia. V otr e haleine traînait sur v os
lè v r es entr’ ouv ertes ; v os lar mes, v os sanglots, v otr e p ose , tout en v ous
disait : « Pitié ! » à Othello , comme si v ous aviez été la V énitienne , la
D esdemona, couché e sur le lit, si Othello avait pu v ous entendr e
alor s, comme si une prièr e d’ang e ag enouillé de vant un homme , essuyant
ses pie ds de sa che v elur e divine , ou, plus élo quent encor e , une femme qui
supplie , eût pu aller jusqu’à ce co eur p ossé dé , affolé , enrag é de jalousie
et d’amour . Oh ! ne le maudissez cep endant p as, cet Othello infle xible .
N’ay ez p as p eur de cee b elle cré ation d’un p oète ; n’ay ez p as p eur de
cee admirable natur e d’homme , si riche en tendr esses jusque dans ses
fur eur s, et à qui D esdemona p ardonne en mourant comme p ar r e
connaissance de l’amour qu’il lui avait donné . Sav ez-v ous que p er sonne n’aima
plus que cet homme qui faisait oublier un pèr e chéri, à che v eux blancs,
1Le cachet d’ ony x Chapitr e I
sur le b ord de la fosse , à une fille r esp e ctueuse et tendr e ; qui l’avait prise
intrépidement dans ses bras, elle défaillante sous le p oids d’une malé
diction ter rible , et qui la r endit si heur euse que jamais le souv enir de cee
malé diction ne tr oubla une heur e de la vie de cee femme timide ? Ne le
maudissez p as, Maria, mais plaignez-le plutôt ! plaignez-le plus que D
esdemona, qui v ous fait pleur er à chaudes lar mes. Son infortune est plus
grande que celle de D esdemona qui crie : Ne me tuez pas ce soir ! Vous me
tuerez demain ! qui s’ est sentie é crasé e sous la calomnie , sous les injur es
d’Othello . D esdemona est l’heur euse dans ce ci : l’infortuné , c’ est Othello !
Il n’ est p as b esoin d’êtr e Africain, d’av oir du soleil liquéfié sous une
p e au noir e et plein ses lar g es v eines ; il n’ est p as b esoin d’av oir du lion
et du tigr e dans sa natur e p our êtr e jaloux et se v eng er . Il ne faut
qu’assez d’intellig ence p our compr endr e le mot trahison . Eh bien, quand av e c
ce p eu d’intellig ence on a de l’amour aussi, comme Othello , qui oserait
app eler coup able celui-là qui est jaloux et qui se v eng e ! Et quand cee
v eng e ance qui n’ap aise p oint est finie , et que l’ on est si malheur eux que
le r emords soulag erait, le r emords qu’il est imp ossible d’av oir p ar ce que
l’amour a tout envahi dans l’âme , oh ! qui ne donnerait p as à tant de
souffrance au moins une lar me , quand il r este une lar me à donner .
P leur ez donc sur Othello , jeune femme , je v ous le répète , sur cee âme
que la douleur a sillonné e , noir cie , brûlé e , ensanglanté e , mise en piè ces
comme des balles mâché es dans de la chair et des os. Il n’y a qu’Émilia qui
soit en dr oit de l’app eler monstre , car elle avait soigné D esdemona toute
p etite , puis adolescente , puis ép ousé e , et de chagrin elle délirait quand
elle app elait Othello ainsi. Mais v ous, Maria, v ous ne le p ouv ez p as !
La v eng e ance d’Othello ne fut p oint d’un monstr e . Il pleura avant de
tuer sa femme , et quels pleur s ! Il pleura aussi quand il l’ eut tué e et avant
d’êtr e détr omp é ! Et quand il n’ eut plus de lar mes sous sa p aupièr e , il en
cher cha à la sour ce , av e c la p ointe d’un p oignard ; mais celles-là étaient
du sang, et elles aussi, elles se tarir ent.
V oulez-v ous que je v ous raconte une histoir e de jalousie ? V
oulezv ous que je v ous dise une v eng e ance plus cr uelle que celle accomplie av e c
des sanglots, des mains tr emblantes et des baiser s, – ces der nier s baiser s
donnés furtiv ement à la p erfide p endant qu’ elle dort, sublime lâcheté de la
p assion que Shak esp e ar e avait de viné e , – enfin que cet étouffement d’une
2Le cachet d’ ony x Chapitr e I
marié e de vingt ans sous l’ or eiller du lit nuptial, et dont l’idé e seule v ous
fait r ejeter en ar rièr e v otr e jolie tête comme si la hache v ous l’abaait p ar
de vant ? Allons ! si v ous êtes brav e ce soir , v oulez-v ous que je v ous dise
une v eng e ance auprès de laquelle la v eng e ance d’Hassan, qui fait no y er
viv e dans un sac cousu la b elle Leïla du Giaour , est la chose du monde la
plus r ose et la plus gracieuse ? V oulez-v ous que je v ous dise une ré alité
dont la p o ésie dramatique , cee p o ésie du ré el, ne p our rait s’ emp ar er ,
p ar ce qu’ elle ne saurait comment la pr endr e dans ses mains de r eine sans
les souiller ? V oulez-v ous que je v ous fasse aimer Othello ?
V ous n’av ez p as connu A uguste D or say . C’était un de ces jeunes g ens
qui sont très bien nommés les heur eux du siè cle , p ar ce qu’ils ont juste ce
qu’il faut p our réussir dans le monde : un caractèr e de jonc, des for mes
élég antes, de la b e auté , de l’ esprit, – et de celui-là qui ne fâche p er sonne
p ar ce qu’il manque d’ originalité . ant à des p assions violentes, jamais
les amis de D or say ne s’ap er çur ent qu’il en entrât le moindr e g erme
dans son or g anisation. Il est v rai que D or say se meait souv ent en
colèr e contr e son jo ck e y , contr e son che val, contr e les plis de sa cravate
quand ils n’allaient p as comme il l’ entendait, qu’il jouait son ar g ent av e c
des couleur s sur les joues et qu’il ne p erdait p as sans émotion, qu’il se
grisait p arfois de champ agne et de punch, et qu’il savait sup érieur ement
le prix d’une femme , depuis la grande dame jusqu’à la mo diste . Mais dans
tout cela y a-t-il une p assion ? Y a-t-il v estig e d’âme ? Nullement. Nous
autr es jeunes g ens comme l’était D or say alor s, nous n’av ons qu’à pr endr e
la jeunesse de nos p