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165
pages
Français
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Écrit par
René Boylesve
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Nombre de lectures
41
EAN13
9782824712758
Licence :
Libre de droits
Langue
Français
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EAN13
9782824712758
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Français
REN É BO Y LESV E
LE BON H EU R À CI NQ
SOUS
BI BEBO O KREN É BO Y LESV E
LE BON H EU R À CI NQ
SOUS
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1275-8
BI BEBO OK
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– Christian Spr emb er g
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A D e v otr e obser vatoir e d’artillerie , mon cher ami, v ous m’av ez,
à plusieur s r eprises, affir mé que le jour nal qui v ous app ortait ces contes
était p our v ous et p our certains de v os camarades une cause de détente
heur euse . D’autr es ler es, r e çues du fr ont et de combaants que je
n’avais p as l’honneur de connaîtr e , ont contribué av e c les vôtr es à me laisser
cr oir e que notr e vieille b esogne liérair e , ingrate à accomplir p ar le temps
qui court, p ouvait cep endant n’êtr e p as tout à fait vaine . C’ est ce qui me
donne l’audace , en un moment p ar eil, de réunir ces feuilles disp arates,
certaines é crites avant la guer r e , les autr es inspiré es p ar ses lointains
é chos, quelques-unes v olontair ement étrangèr es à ce grand sujet, afin de
pr o cur er aux p auv r es hommes, durant cinq minutes, l’illusion qu’il en
e xiste encor e un autr e .
B.
Juillet 1917.
n
1CHAP I T RE I
Le Bonheur à cinq sous
rê vait à une maison de camp agne .
C’était, bien entendu, un jeune ménag e p arisien, ou du moinsU digne d’êtr e ainsi qualifié , puisqu’il habitait r ue Henri-Martin,
dans le X V I ᵉ ar r ondissement, un tout p etit app artement, il est v rai, et bien
que la jeune femme fût de Granville et le mari d’Issoudun. Mais en tr ois
ans d’application achar né e , monsieur et madame Jérôme Jeton s’étaient
fait ce que l’ on app elle des r elations, et Jérôme Jeton se dé clarait homme
de ler es.
Jérôme avait plus de p eine à justifier sa qualité d’homme de ler es que
Sylvie , sa chèr e « asso cié e », à se faufiler « dans le monde » ainsi qu’ elle
disait, et à air er à son p etit app artement quelques couples lancés dans le
tourbillon de la vie élég ante et même , comme elle aimait à le dir e encor e
plus v olontier s, « quelques noms connus ». Et Jérôme , p our son av enir
liérair e , comptait b e aucoup plus sur les efforts de Sylvie à se constituer
un milieu sing e ant autant que p ossible le monde , que sur son talent qu’il
2Le Bonheur à cinq sous Chapitr e I
niait lui-même car rément, dans l’intimité , car c’était un très brav e g ar çon.
Mais l’activité déplo yé e p ar la gracieuse Granvillaise p our êtr e une
Parisienne accomplie , et p ar l’honnête enfant d’Issoudun p our log er d e
tristes articles dans les feuilles, les harassait p arfois l’un et l’autr e ; et,
lor squ’ils avaient un rar e moment de répit, ils rê vaient av e c une nostalgie ,
ardente au plaisir , lui de fair e la sieste l’après-midi, en bras de chemise ,
sous un p ommier , et elle d’aller distribuer du grain aux p oules, suivie
jusqu’à la grille de la basse-cour p ar un b e au chien g ambadant.
Évidemment, ils n’avaient p as le mo y en de s’ offrir une maison de
camp agne dans un lieu habitable et de conser v er en même temps, si étr oit
fût-il, l’app artement où ils avaient adopté la tâche commune , opiniâtr e et
touchante , de fair e connaîtr e le nom de Jérôme Jeton. Chacun sait que le
pr oblème de viv r e à Paris de vient de plus en plus difficile à résoudr e et
il offrait les plus grands obstacles au ménag e des Jérôme Jeton. Sylvie le
résolvait p ar des pr o dig es d’ing éniosité , sinon d’é conomie , – car il faut à
tout prix donner l’illusion d’une situation un p eu sup érieur e à l’aisance ,
– e t Jérôme , pr o visoir ement, en v endant chaque anné e quelques titr es de
r ente ; la rémunération de la « copie » placé e , ici ou là , dans les jour naux,
on en p arlait, certes ; Dieu sait si l’ on en p arlait ! mais ce n’était p as la
p eine d’ en p arler .
Malgré tout, ni Jérôme , ni Sylvie , en leur s cour ses, ne manquaient
guèr e de s’ar rêter de vant les ag ences de lo cation où l’ on v oit un étalag e
de photographies p oussiér euses et pâloes, g énéralement prises en hiv er ,
afin qu’au trav er s des branchag es dénudés soient mieux mis en é vidence
les détails de l’ar chite ctur e , et qui r eprésentent, p our tant de p assants, des
châte aux en Esp agne . elques lignes, é crites à la main, en b elle r onde ,
indiquent, au bas de l’épr euv e , la contenance , les char mes de l’ endr oit,
les « chasses » qui y sont p ossibles ou « l’étang p oissonneux » dont il
jouit, rar ement le prix demandé , afin de v ous oblig er à entr er , jamais le
nom du lieu. À l’asp e ct de la constr uction, aux essences d’arbr es
envir onnants, les Jeton étaient p assés maîtr es en l’art de de viner la contré e ,
la pr o vince , le dép artement, et ils p énétraient quelquefois dans le bur e au,
non p our s’infor mer sérieusement d’un prix toujour s dé concertant p our
eux, mais p our vérifier leur p er spicacité . Ils n’avaient p oint de g oût
déter miné p our une région ni p our une autr e ; la camp agne , à leur s y eux,
3Le Bonheur à cinq sous Chapitr e I
était la camp agne ; en ré alité ils aimaient tout ce qui était à l’antip o de et
d’un quartier p arisien et de la vie que l’ on mène .
†††
Un b e au jour , un ménag e ami, que des raisons de santé avaient oblig é
de se r etir er momentanément en pr o vince , ar riva r ue Henri-Martin, av e c
des mines totalement r estauré es, une santé r e conquise et, qui plus est, un
délicieux enfant qu’ils avaient jadis néglig é d’av oir à Paris. D’ où v enait ce
ménag e ? Mais d’un endr oit p aradisiaque , d’une b onne et vieille maison
du Loir et, sise à l’ entré e du villag e de Souzouches, av e c un jardin ombrag é
descendant