E. T. A. Hoffmann — Contes nocturnesLa Maison déserte1817LA MAISON DÉSERTETraduit par Henry EgmontI[1]Vous savez (ainsi commença Théodore) que je passai tout l’été dernier à B.... Legrand nombre d’anciens amis et de connaissances que j’y rencontrai, la vie libre etanimée de cette capitale, les agréments variés qu’y offre la culture des sciences etdes arts, tout cela me captiva ; jamais je n’avais été plus gai, et je m’abandonnaiavec délices à mon goût passionné pour les flâneries solitaires, me délectant àexaminer chaque gravure, chaque affiche, ou à observer les individus que jerencontrais, et même à tirer en imagination l’horoscope de quelques-uns. D’ailleurs,le spectacle des nombreux et magnifiques édifices de B.... et celui des merveilleuxproduits de l’art et du luxe auraient suffi pour donner à mes promenades un attraitirrésistible.L’avenue bordée d’hôtels somptueux qui conduit à la porte de —— est le rendez-vous habituel des gens du grand monde, à qui leur position ou leur fortune permetd’user largement des jouissances de la vie. Le rez-de-chaussée de ces riches etvastes palais est généralement affecté à des magasins où sont exposées lesmarchandises de luxe, et les étages supérieurs sont habités par des personnes dela plus haute condition. C’est dans cette rue que sont situés aussi les hôtels publicsles plus distingués, et la plupart des ambassadeurs étrangers y ont leur résidence.Vous pouvez donc vous figurer ce lieu comme le théâtre ...
Voir