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Publié par
Nombre de lectures
70
EAN13
9782824712581
Licence :
Libre de droits
Langue
Français
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EAN13
9782824712581
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Français
GEORGES BERNANOS
L’IMPOST U RE
BI BEBO O KGEORGES BERNANOS
L’IMPOST U RE
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1258-1
BI BEBO OK
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Sour ces :
– Bibliothè que Éle ctr onique du éb e c
Ont contribué à cee é dition :
– Gabriel Cab os
Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.Pr emièr e p artie
1— Mon cher enfant, dit l’abbé Cénabr e , de sa b elle v oix lente et grav e ,
un certain aachement aux biens de ce monde est légitime , et leur défense
contr e les entr eprises d’autr ui, dans les limites de la justice , me semble un
de v oir autant qu’un dr oit. Né anmoins, il convient d’agir av e c pr udence ,
discrétion, discer nement. . . La vie chrétienne dans le siè cle est toute pr
op ortion, toute mesur e : un é quilibr e . . . On ne résiste guèr e à ces violences
selon la natur e , mais nous p ouv ons en régler le cour s av e c b e aucoup de
p atience et d’application. . . Ne défendons que l’indisp ensable , sans
prév ention contr e p er sonne . À ce prix notr e cœur g ardera la p aix, ou la r
etr ouv era s’il l’a p erdue .
— Je v ous r emer cie , dit alor s M. Per nichon, av e c l’accent d’une
émotion sincèr e . La lue p our les idé es nous é chauffe p arfois, je l’av oue . Mais
l’ e x emple de v otr e vie et de v otr e p ensé e est un grand ré confort p our moi.
( Il p arlait ainsi la b ouche encor e tiré e p ar une grimace conv ulsiv e , qui
faisait tr embler sa barb e .)
— J’accorde , r eprit-il, que le rapp ort annuel eût pu êtr e confié à un
autr e que moi. Il y a des confrèr es plus qualifiés. Par e x emple , j’aurais
cé dé v olontier s la place au vénérable do y en de la pr esse catholique , s’il
n’avait dé cliné dès le pr emier jour un honneur qui lui r e v enait de dr oit. . .
2L’imp ostur e Chapitr e
Pouvions-nous ré ellement supp oser que l’ effacement v olontair e du vieux
lueur aurait cee consé quence d’éle v er un Lar naudin sur le p av ois ?
Son r eg ard e xprimait une véritable détr esse , l’anxiété d’une douleur
phy sique , comme si le malheur eux eût vainement cher ché à suer sa haine .
— Je n’ai aucune pré v ention contr e M. Lar naudin, fit de nouv e au la
b elle v oix lente et grav e . Je l’ estimerais plutôt. D e ses critiques même
injustes, j’ai toujour s tiré quelque pr ofit. Hé quoi ! mon ami : les do ctrinair es
ont cela de b on qu’ils ré v eillent, p ar contraste , certaines facultés que
l’usag e et l’ e xp érience de la vie affaiblissent en nous. Ils nous four nissent de
r epèr es utiles.
Puis il se mit à rir e , d’un rir e dur .
— Je v ous admir e ! s’é cria p assionnément Per nichon. V ous r estez, dans
ce vain tumulte , un calme obser vateur d’autr ui – à l’autel et p artout
ailleur s sacerdotal. Né anmoins le tort fait aux intérêts les plus r esp e
ctables p ar les p olémiques de M. Lar naudin, son p arti pris, son entêtement,
v otr e bienv eillance même ne p eut l’ oublier ! « D onner des g ag es et encor e
des g ag es ! » disait hier de vant moi v otr e éminent ami Mgr Cimier , « le
salut est là ! » Or , nous les av ons donnés tous, à un seul près : le désav eu
for mel, nominal – oui, nominal ! – de quelques e x altés sans mandat, que
suiv ent une p oigné e de naïfs. Est-ce tr op demander ?
( La sueur r uisselait enfin sur le fr ont du p etit homme qui semblait en
épr ouv er un soulag ement infini.)
M. Per nichon ré dig e la chr onique r eligieuse d’une feuille radicale ,
sub v entionné e p ar un financier conser vateur , à des fins so cialistes. Ce
qu’il a d’âme s’ép anouit dans cee triple é quiv o que , et il en épuise la
honte substantielle , av e c la p atience et l’industrie de l’inse cte . Pr esque
inconnue aux bur e aux de l’Aurore nouvelle , sa silhouee déjà usé e ,
maléfique , encor e défor mé e p ar une b oiterie , est la plus familièr e à ce public si
p articulier d’é crivains sans liv r es, de jour nalistes sans jour naux, de
prélats sans dio cèses, qui vit en mar g e de l’Église , de la Politique , du Monde
et de l’ A cadémie , d’ailleur s si pr essé de se v endr e que l’ offr e r estant tr op
souv ent sup érieur e à la demande , l’âpr e commer ce est sans cesse menacé
d’un avilissement des prix. T elle crise , une fois dénoué e , quand on l’a v ue
se multiplier jusqu’au pullulement, la denré e p érissable , désor mais sans
valeur , achè v e de p our rir dans les antichambr es.
3L’imp ostur e Chapitr e
Ancien élè v e du p etit séminair e de Notr e-D ame-des-Champs, jouant
jusqu’au der nier jour la comé die à demi consciente d’une v o cation
sacerdotale , sitôt le cap franchi d’un baccalauré at hasardeux, on p erdit sa trace
un long temps, jusqu’à ce moment dé cisif où il obtint de signer chaque
semaine , dans un Bulletin p ar oissial, des nouv elles é difiantes, puis des
« Ler es de Rome » ré dig é es chez un p etit traiteur de la r ue Jacob . el
autr e que lui eût semblablement tiré p arti de ce rôle obscur ? Mais il sait
ép ar gner sou p ar sou sa futur e r enommé e , p ar eil à ses ancêtr es auv
ergnats qui, l’été , graissant de leur sueur une ter r e ingrate , viennent l’hiv er
v endr e à Paris les châtaignes dont les co chons s e r ebutent, amassent
lentement leur trésor p our finir inassouvis, seulement déliés p ar la mort de
leur rê v e absurde , et hâtiv ement dé crassés, p our la pr emièr e fois, p ar l’
ense v elisseuse , avant la visite du mé de cin de l’état civil.
Ces ler es de Rome ne sont d’ailleur s p oint sans mérite . Elles en
valent d’autr es, moins connues, mais ré dig é es dans le même esprit p ar
des vaniteux dé çus p our y dé char g er , à p etits coups, leur s âcr etés. Le tour
p eut en varier sans doute , av e c chaque auteur , non p as le sens pr ofond
et se cr et, la rancune vivace , la clair e cupidité du pir e , et, sous couleur de
p aix civique , une rag e d’infir me contr e tout ce qui dans l’Église g arde le
sens de l’honneur .
Ayant considéré un moment, av e c r esp e ct, le visag e du maîtr e ,
souriant de ses mille rides pré co ces :