La lecture à portée de main
140
pages
Français
Documents
Écrit par
Paul Arène
Publié par
bibebook
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe Tout savoir sur nos offres
140
pages
Français
Ebook
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe Tout savoir sur nos offres
Publié par
Nombre de lectures
16
EAN13
9782824712420
Licence :
Libre de droits
Langue
Français
Publié par
Nombre de lectures
16
EAN13
9782824712420
Licence :
Libre de droits
Langue
Français
I NCON N U( E)
JEAN-DES-F IGU ES
BI BEBO O KI NCON N U( E)
JEAN-DES-F IGU ES
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1242-0
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comA pr op os de Bib eb o ok :
V ous av ez la certitude , en télé char g e ant un liv r e sur Bib eb o ok.com de
lir e un liv r e de qualité :
Nous app ortons un soin p articulier à la qualité des te xtes, à la mise
en p ag e , à la ty p ographie , à la navig ation à l’intérieur du liv r e , et à la
cohér ence à trav er s toute la colle ction.
Les eb o oks distribués p ar Bib eb o ok sont ré alisés p ar des béné v oles
de l’ Asso ciation de Pr omotion de l’Ecritur e et de la Le ctur e , qui a comme
obje ctif : la promotion de l’écriture et de la lecture, la diffusion, la protection,
la conservation et la restauration de l’écrit.
Aidez nous :
V os p ouv ez nous r ejoindr e et nous aider , sur le site de Bib eb o ok.
hp ://w w w .bib eb o ok.com/joinus
V otr e aide est la bienv enue .
Er r eur s :
Si v ous tr ouv ez des er r eur s dans cee é dition, mer ci de les signaler à :
er r or@bib eb o ok.com
T élé char g er cet eb o ok :
hp ://w w w .bib eb o ok.com/se ar ch/978-2-8247-1242-0Cr e dits
Sour ces :
– Bibliothè que Éle ctr onique du éb e c
Ont contribué à cee é dition :
– Gabriel Cab os
Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
Except where otherwise noted, this work is licensed under
h tt p : / / c r e a ti v e c o m m on s . or g / l i c e n s e s / b y - s a / 3 . 0 /
Lir e la licence
Cee œuv r e est publié e sous la licence CC-BY -SA, ce qui
signifie que v ous p ouv ez lég alement la copier , la r e
distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.A D .
A
n
1CHAP I T RE I
Les figues-fleur s
monde au pie d d’un figuier , il y a vingt-cinq ans, un jour
que les cig ales chantaient et que les figues-fleur s, distillant leurJ g oue de miel, s’ ouv raient au soleil et faisaient la p erle . V oilà ,
certes, une jolie façon de naîtr e , mais je n’y eus aucun mérite .
A ux cris que je p oussais, (ma mèr e ne se plaignit même p as, la sainte
femme !) mon brav e homme de pèr e , qui moissonnait dans le haut du
champ , accour ut. Une sour ce coulait là près, on me lava dans l’ e au viv e ;
ma mèr e , faute de lang es, me r oula tout nu dans son fichu r oug e ; mon
pèr e , afin que j’ eusse plus chaud, prit, p our m’ emmailloter , une p air e
de chausses ter r euses qui sé chaient p endues aux branches du figuier ; et
comme le jour s’ en allait av e c le soleil, on mit sur le dos de notr e âne
Blanquet, p ar dessus le bât, les deux grands sacs de sp arterie tr essé e ; ma
mèr e s’assit dans l’un, mon pèr e me p osa dans l’autr e en même temps
qu’un p anier de figues nouv elles, et c’ est ainsi que je fis mon entré e à
Cantep erdrix, p ar le p ortail Saint-Jaume , au milieu des félicitations et des
2Je an-des-Figues Chapitr e I
rir es, accomp agné de tous nos v oisins que le soir chassait des champs
comme nous, et p erdu jusqu’au cou dans les lar g es feuilles fraîches dont
on avait eu soin de r e couv rir le p anier . Le lit de vait êtr e doux, mais les
figues fur ent un p eu foulé es. D e ce jour , le sur nom de Je an-des-Figues me
r esta, et jamais les g ens de ma ville , tous dotés de sur noms comme moi, les
Corb e au-blanc, les Saigne-flacon, les Mang e-loup , les P laton, les Cicér on,
les Loutr es, les Martr es et les Hir ondelles ne m’ ont app elé autr ement.
V ous v o y ez que mon destin était des plus mo destes et que je ne
descendais, hélas ! ni d’un notair e ni d’un conser vateur des hy p othè ques,
les deux grandes dignités de chez nous. Mais, quoique fils de p ay sans,
et env elopp é p our pr emier s lang es dans de vieilles chausses tr oué es et
souillé es de ter r e , je suis de race cep endant. La p etite ville de Cantep
erdrix, comme tant d’autr es cités de notr e coin du Midi, s’ est g ouv er né e en
république , ou p eu s’ en faut, entr e son r o cher , ses r emp arts et sa rivièr e ,
de temps immémorial jusqu’au règne de Louis X I V . A ussi bien, – et ce
n’ est p as l’héritag e dont je r emer cie le moins ceux-là qui me l’ ont g ardé ,
– me suis-je tr ouvé êtr e v enu au monde av e c la main fine et l’âme fièr e ,
ce qui p ar la suite me p er mit de p orter des g ants sans appr entissag e et de
ne p as av oir l’air tr op humble de vant p er sonne : les deux grands se cr ets
du sav oir-viv r e , à ce que j’ai cr u de viner depuis.
D’ailleur s, en cher chant bien, qui est sûr de n’êtr e p as un p eu noble ,
dans un p ay s surtout où la mar chandise anoblissait ? Je suis noble , moi,
tout comme un autr e ; un de mes aïeux, p araît-il, v enu de Naples av e c le
r oi René , app orta le pr emier l’arbr e de gr enade en Pr o v ence , et, sans r
emonter si loin, dans le p ay s on se souvient encor e de Vincent-Petite-Ép é e ,
mon ar rièr e-grand-pèr e mater nel. e de fois n’ai-je p as entendu
raconter son histoir e ! D er nier r ejeton d’une illustr e famille r uiné e , Vincent,
après mille av entur es de mer et de g ar nison, p ossé dait p our toute
fortune , quelques anné es avant 1789, deux ou tr ois jour né es de vigne qu’il
cultivait lui-même . Il les maria brav ement av e c tr ois ou quatr e jour né es
de pré que lui app ortait en dot la fille d’un v oisin. C’ est ainsi que naquit
ma grand-mèr e . Mais quoique de v enu p ay san, Vincent n’ en continua p as
moins à p orter l’ép é e . Les g ens qui le v o yaient suiv r e son âne au b ois en
tenue de g entilhomme lui criaient : – « Bien le b onjour , Vincent l’Esp
azee !. . . Hé ! Vincent, qu’allez-v ous fair e de ce grand sabr e ? » Et le b on
3Je an-des-Figues Chapitr e I
Vincent rép ondait, sans p araîtr e fâché de leur s plaisanteries : – « C’ est
p our coup er des fag ots, mes amis, p our coup er des fag ots ! »
À un moment de ma vie , le plus heur eux sans aucun doute , où je me
sentais l’âme assez lar g e p our toutes les vanités, il m’ar riva, je le confesse ,
de pr endr e ma noblesse au sérieux. Pendant quelques mois le tailleur qui
m’habillait s’honora d’habiller M. le che valier Je an-des-Figues, et je me
v ois encor e faisant étinceler au p etit doigt de ma main g auche une bague
d’ or blasonné e qui p ortait d’azur à un tas de figues mûrissantes.
n
4CHAP I T RE I I
L’or eille g auche de Blanquet
’ né , v ous le v o y ez, p our fair e un homme e
xtraordinair e , et je cultiv erais encor e , comme mon pèr e et mon grand-J pèr e l’ ont cultivé , notr e champ de la Cig alièr e , sans un accident
qui m’ar riva lor sque j’avais deux ans.
C’était v er s la fin mar s ; après av oir , comme toujour s, p assé les mois
d’hiv er dans son moulin d’huile de la Grand-P lace , au milieu des jar r es
et des sacs d’ oliv es, mon pèr e , fer mant ses p ortes une fois le b e au temps
v enu, avait r epris les travaux des champs.
Nous p artions av e c l’aub e tous les matins : ma mèr e , à pie d suivant
l’usag e , me faisait mar cher et tirait la chè v r e ; mon pèr e allait de vant, au
tr ot de Blanquet, jamb e de-çà , jamb e de-là , le b out de ses soulier s traînant
p ar ter r e , et, p orté ainsi p ar ce p etit âne gris, v ous l’ eussiez dit à che val
sur un gr os liè v r e .
Ex cellent Blanquet ! comme je l’aimais av e c ses b elles or eilles touffues
et son long p oil blanchi en maint endr oit p ar le soleil, les coups de bâton et
5