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40
EAN13
9782824712291
Licence :
Libre de droits
Langue
Français
CLA U DE AN ET
ARIAN E, JEU N E F I LLE
RUSSE
BI BEBO O KCLA U DE AN ET
ARIAN E, JEU N E F I LLE
RUSSE
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1229-1
BI BEBO OK
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– Bibliothè que Éle ctr onique du éb e c
Ont contribué à cee é dition :
– Gabriel Cab os
Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
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compris à Bib eb o ok.Pr emièr e p artie
1Ariane , jeune fille r usse Chapitr e
(en manière de prologue)
2CHAP I T RE I
D e l’hôtel de Londr es au
g y mnase Znamenski
’ limpidité pr esque orientale , un b e au ciel clair ,
lumineux, bleu comme une tur quoise de Nichap our , s’étendaitU au-dessus des maisons et des jardins de la ville encor e
endormie . D ans l’aub e et le silence on entendait seulement les cris des
moine aux qui se p our chassaient sur les toits et sur les branches des acacias,
les r oucoulements v oluptueux d’une tourter elle au faîte d’un arbr e et, au
loin, le br uit aigu que faisaient, p ar moment, les essieux d’une char r ee de
p ay san avançant av e c lenteur sur les p avés ir régulier s de la Sado vaia, la
grande r ue de la ville et la plus élég ante . Près de la place de la cathé drale ,
immense , p oussiér euse , déserte , une clôtur e en b ois fer mait la cour de
service de l’hôtel de Londr es, dont la plate et longue façade de tr ois étag es,
bâtie en pier r es grises et maussade comme un jour d’automne pluvieux,
s’alignait sur la Sado vaia, sans balcons, sans pilastr es, sans colonnes, sans
3Ariane , jeune fille r usse Chapitr e I
or nements.
L’hôtel de Londr es, le pr emier de la ville , était r enommé p our sa
cuisine . La jeunesse doré e , les officier s, les industriels et la noblesse p
atr onnaient son r estaurant célèbr e où un or chestr e comp osé de tr ois juifs
maigr es et de deux Petits-Russiens, jouait, après-midi et soir jusque tard
dans la nuit, de mé dio cr es p ots-p our ris d’ Eugène Onéguine et de la Dame
de Pique , de mélancoliques chansons p opulair es et des air s tzig anes aux
r ythmes heurtés. e de p arties de plaisir s’étaient donné es dans ce r
estaurant à la mo de , que de soup er s brillants, que d’« or gies » p our
emplo y er l’ e xpr ession en usag e chez nous lor squ’ on p arlait des fêtes de
l’hôtel de Londr es !
Le r estaurant de l’hôtel se comp osait de deux salles inég alement
grandes. Mais il n’avait p oint de cabinets p articulier s. A ussi les g ens
désir eux de soup er à l’é cart de la foule pr enaient-ils au pr emier étag e des
chambr es av e c salon que Lé on D avido vitch, le p ortier de l’hôtel, g ardait
toujour s libr es p our ses clients.
Ce Lé on, un juif aux y eux étr oits et morts, était l’auto crate de la
maison et une des figur es les plus connues de la ville . Les notabilités de la
pr o vince r e cher chaient son amitié et s’ar rêtaient dans le v estibule p our
é chang er av e c lui quelques phrases aimables. Lé on était discr et et à
combien faut-il estimer le silence et les b onnes grâces du p ortier d’un hôtel
aussi connu ? Combien de billets r oses et même de billets de vingt-cinq
r oubles n’avait-il p as acceptés silencieusement sans que sa figur e pâle
manifestât la moindr e émotion, billets que lui glissait la main fié v r euse d’un
homme ému à l’idé e de tr ouv er un asile p our un r endez-v ous g alant ? Il
faut cr oir e que le nombr e des g ens tenant à assur er le se cr et de leur b
onheur était grand puisque Lé on D avido vitch ne p ossé dait p as moins de
tr ois maisons. Cela pr ouv e que l’ar g ent affluait dans la ville , se g agnait
sans p eine , se dép ensait av e c joie , et que la vie y était ardente comme les
jour s brûlants de l’été dans les plaines de ce g ouv er nement du sud dont
elle était la capitale . T out homme qui s’ enrichissait dans la pr o vince , que
ce fût dans les mines, dans l’industrie ou dans l’agricultur e , ne cessait de
p enser aux fêtes inoubliables de l’hôtel de Londr es et aux vins de France
qu’il y b oirait en comp agnie de femmes aimables.
Une des tr ois maisons de Lé on D avido vitch était situé e dans une r ue
4Ariane , jeune fille r usse Chapitr e I
é carté e des faub our gs, non loin de la chaussé e où, au crépuscule et dans
la nuit, les b e aux tr oeur s, gloir e de notr e pr o vince , emmenaient des
couples avides de filer aussi vite que le v ent sur une r oute plate , unie
et bien entr etenue . Cee maison ne compr enait qu’un étag e sur r
ez-dechaussé e . Lé on comptait l’habiter un jour . Pour l’instant, il avait meublé
le pr emier étag e et y avait installé une vieille femme rébarbativ e . Nombr e
de p er sonnes avaient demandé à le louer , car les app artements étaient
rar es dans la ville qui s’était dé v elopp é e av e c une rapidité e xtraordinair e
au cour s de ces der nièr es anné es. La rép onse de la mégèr e avait toujour s
été la même : l’app artement était r etenu. Pourtant aucun lo catair e
n’arrivait et les âmes simples se demandaient p our quoi Lé on r enonçait à un
lo y er avantag eux. Les autr es ho chaient la tête . Le fait est qu’ on v o yait
souv ent, au soir , un é quip ag e s’ar rêter à la p orte de la p etite maison et,
entr e les ride aux p ourtant soigneusement clos des fenêtr es, filtraient des
rais de lumièr e tard dans la nuit.
À l’heur e matinale où commence ce ré cit, à l’aur or e d’une chaude
jour né e de la fin mai, la grande p orte de l’hôtel de Londr es était fer mé e et
l’éle ctricité éteinte depuis longtemps au r estaurant et dans le v estibule . La
p etite p orte en b ois pratiqué e dans la clôtur e de la cour de ser vice s’ ouv rit
en grinçant. Une jeune fille se montra sur le seuil et s’ar rêta, un instant,
hésitante .
Elle p ortait l’unifor me du plus connu des g y mnases de la ville , une
simple r ob e br une , av e c un tablier de lustrine noir e . Elle en avait
agrémenté la sé vérité p ar un col blanc de dentelle qui p araissait un p eu fr oissé
et, contr e la règle , la r ob e était légèr ement dé colleté e et laissait v oir , dans
sa grâce délicate , un cou allong é sur le quel se balançait av e c un lég er
mouv ement une tête p etite , coiffé e d’un chap e au de p aille