194
pages
Français
Documents
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe Tout savoir sur nos offres
194
pages
Français
Documents
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe Tout savoir sur nos offres
Publié par
Nombre de lectures
46
EAN13
9782824712734
Licence :
Libre de droits
Langue
Français
P A U L BOU RGET
AN DRÉ CORN ELIS
BI BEBO O KP A U L BOU RGET
AN DRÉ CORN ELIS
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1273-4
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comA pr op os de Bib eb o ok :
V ous av ez la certitude , en télé char g e ant un liv r e sur Bib eb o ok.com de
lir e un liv r e de qualité :
Nous app ortons un soin p articulier à la qualité des te xtes, à la mise
en p ag e , à la ty p ographie , à la navig ation à l’intérieur du liv r e , et à la
cohér ence à trav er s toute la colle ction.
Les eb o oks distribués p ar Bib eb o ok sont ré alisés p ar des béné v oles
de l’ Asso ciation de Pr omotion de l’Ecritur e et de la Le ctur e , qui a comme
obje ctif : la promotion de l’écriture et de la lecture, la diffusion, la protection,
la conservation et la restauration de l’écrit.
Aidez nous :
V os p ouv ez nous r ejoindr e et nous aider , sur le site de Bib eb o ok.
hp ://w w w .bib eb o ok.com/joinus
V otr e aide est la bienv enue .
Er r eur s :
Si v ous tr ouv ez des er r eur s dans cee é dition, mer ci de les signaler à :
er r or@bib eb o ok.com
T élé char g er cet eb o ok :
hp ://w w w .bib eb o ok.com/se ar ch/978-2-8247-1273-4Cr e dits
Sour ces :
– Bibliothè que Éle ctr onique du éb e c
Ont contribué à cee é dition :
– Gabriel Cab os
Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
Except where otherwise noted, this work is licensed under
h tt p : / / c r e a ti v e c o m m on s . or g / l i c e n s e s / b y - s a / 3 . 0 /
Lir e la licence
Cee œuv r e est publié e sous la licence CC-BY -SA, ce qui
signifie que v ous p ouv ez lég alement la copier , la r e
distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.Tu ne tueras point.
Ex. XX, 13.
n
1D é dicace
M H T aine ,
« L’ ouv rag e auquel on a le plus réflé chi doit êtr e honoré p arA le nom de l’ami qu’ on a le plus r esp e cté . . . » Per meez-moi,
mon cher Maîtr e , d’ empr unter cee phrase à la dé dicace de v otr e liv r e
De l’Intelligence , p our v ous offrir celle de mes études qui, me
semble-til, s’éloigne le moins de mon rê v e d’art : – un r oman d’analy se e x é cuté
av e c les donné es actuelles de la science de l’ esprit. Certes, la différ ence
est grande entr e v otr e vaste traité de psy chologie et cee simple planche
d’anatomie morale , quelque conscience que j’aie mise à en grav er le
minutieux détail. Mais le sentiment de vénération qu’ e xprime v otr e dé dicace
à l’ég ard du noble et infortuné Franz W œpk e n’était p as sup érieur à celui
dont v ous app orte aujourd’hui un faible témoignag e v otr e fidèle
Paul Bour g et.
Paris, 7 janvier 1887.
n
2CHAP I T RE I
’ , je me confessais. Combien j’ai souhaité de
fois êtr e encor e celui qui entrait dans la chap elle v er s les cinqQ heur es du soir , cee vide et fr oide chap elle du collèg e av e c ses
mur s crépis à la chaux, av e c ses bancs numér otés, son maigr e har
monium, sa criarde Sainte Famille , sa v oûte p einte en bleu et semé e d’étoiles.
Un maîtr e nous amenait, dix p ar dix. and ar rivait mon tour de
m’ag enouiller dans l’une des deux cases réser vé es aux p énitents sur chaque
côté de l’étr oite guérite en b ois, mon cœur baait à se r ompr e . J’
entendais, sans bien distinguer les p ar oles, la v oix de l’aumônier en train de
questionner le camarade à la confession duquel succèderait la mienne .
Ce chuchotement me p oignait, comme aussi le demi-jour et le silence
de la chap elle . Ces sensations, jointes à la honte de mes p é chés à dir e ,
me r endaient pr esque insupp ortable le br uit de la planchee que tirait le
prêtr e . À trav er s la grille , je v o yais son r eg ard aigu, son pr ofil si ar rêté ,
quoique le visag e fût gras et cong estionné . elle minute d’ang oisse à en
3André Cor nelis Chapitr e I
mourir , mais aussi quelle douceur ensuite ! elle impr ession de suprême
lib erté , d’intime allég e ance , de faute effacé e , et comme d’une b elle p ag e
blanche offerte à ma fer v eur p our la bien r emplir ! Je suis tr op étrang er
aujourd’hui à cee foi r eligieuse de mes pr emièr es anné es p our
m’imaginer qu’il y eût là un phénomène d’ ordr e sur natur el. Où gisait donc le
princip e de déliv rance qui me rajeunissait toute l’âme ? Uniquement dans
le fait d’av oir dit mes fautes, jeté au dehor s ce p oids de la conscience qui
nous étouffe . C’était le coup de bistouri qui vide l’ab cès. Hélas ! Je n’ai
p as de confessionnal où m’ag enouiller , plus de prièr e à mur mur er , plus
de Dieu en qui esp ér er ! Il faut que je me débar rasse p ourtant de ces
intolérables souv enir s. La trag é die intime que j’ai subie pèse tr op lourdement
sur ma mémoir e . Et p as un ami à qui p arler , p as un é cho où jeter ma
plainte . Certaines phrases ne p euv ent p as êtr e pr ononcé es, puisqu’ elles
ne doiv ent p as av oir été entendues. . . C’ est alor s que j’ai conçu l’idé e , afin
de tr omp er ma douleur , de me confesser ici, p our moi seul, sur un cahier
de p apier blanc, – comme je ferais au prêtr e . Je jeerai là tout le détail de
cee affr euse histoir e , mor ce au p ar mor ce au, comme le souv enir viendra.
Une fois cee confession finie , je v er rai bien si l’ang oisse est finie aussi.
Ah ! diminué e seulement !. . . ’ elle soit moindr e ! e je puisse aller et
v enir , av oir ma p art de la jeunesse et de la vie ! J’ai tant souffert et
depuis si longtemps, et je l’aime , cee vie , malgré ces souffrances. Un v er r e
de cee noir e dr ogue , de ce laudanum que j’ai dans un flacon, p our les
nuits où je ne dor s p as, et cee lente tortur e de mes r emords cesserait du
coup . Mais je ne p eux p as, je ne v eux p as. L’instinct animal de dur er
s’agite en moi, plus fort que toutes les raisons morales d’ en finir . Vis donc,
malheur eux, puisque la natur e te fait tr embler à l’imag e de la mort. La
natur e ? . . . Et c’ est aussi que je ne v eux p as aller encor e là-bas, dans cet
obscur monde où l’ on se r etr ouv e p eut-êtr e . Non, p as cee ép ouvante-là .
Je me suis pr omis de me p ossé der , et déjà je me p erds. Repr enons. V oici
donc mon pr ojet : fix er sur ces feuilles cee imag e de ma destiné e que je
ne r eg arde qu’av e c tant de tr ouble dans le mir oir incertain de ma p ensé e .
Je brûlerai ces feuilles quand elles ser ont couv ertes de ma mauvaise é
critur e . Mais cela aura pris cor ps et se tiendra de vant moi, comme un êtr e .
J’aurai mis de la lumièr e dans ce chaos d’atr o ces souv enir s qui m’affole .
Je saurai où j’ en suis de mes for ces. Ici, dans cet app artement où j’ai pris
4André Cor nelis Chapitr e I
la résolution suprême , il m’ est tr op aisé de me souv enir . Allons ! A u fait !
Je me donne ma p ar ole de tout é crir e . – Pauv r e cœur , laisse-moi compter
tes plaies.
n
5