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26
EAN13
9782824712185
Licence :
Libre de droits
Langue
Français
ALP HONSE ALLAIS
À L’OEI L
BI BEBO O KALP HONSE ALLAIS
À L’OEI L
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1218-5
BI BEBO OK
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– Christian Spr emb er g
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compris à Bib eb o ok.Pr éface
A ! le r e v ois encor e , tel que je l’ai connu dans
les der nièr es anné es de sa vie , av e c sa longue figur e coloré eA et douce , ses y eux bleus étonnés, ses b elles mains dont il avait
grand soin, et cet air de dignité rép andu sur toute sa p er sonne ; tel que l’a
dép eint une de ses comp atriotes, le p oète Mme Lucie D elar ue-Mardr us :
Vous qui l’avez connu, qu’il vous souvienne.
Il semblait un viking blond, sérieux et fier.
Eh ! oui, sérieux comme un humoriste , et c’ est pré cisément ce sérieux
qui faisait d’ Alphonse Allais le prince des pince-sans-rir e . L’humour , ce
sont les jeux de la philosophie et de la plaisanterie , de la logique et de
la fantaisie , de l’ obser vation et de l’imagination, du cœur et de l’ esprit. Il
entr e dans l’humour b e aucoup de gravité .
On raconte que p endant qu’il accomplissait dans je ne sais quelle
ville une p ério de d’ e x er cices de vingt-huit jour s, Alphonse Allais, simple
soldat, entra un matin à la salle des rapp orts. Il y avait là des officier s
d’un grade éle vé : le capitaine adjudant-major , un commandant, le
colonel p eut-êtr e ! Alphonse Allais p orta la main à son k épi et dit du ton le
plus natur el : « Bonjour , messieur s et dames ! »
Cela n’a l’air de rien ; mais, quand on y réflé chit, quand on song e à la
1À l’ o eil Chapitr e
hiérar chie , à la discipline , à la ter r eur militair e , à la gr osse b oîte , à Biribi,
que sais-je ? cela p araît for midable ; de vant cet inoffensif : – Bonjour ,
messieur s et dames ! – on demeur e confondu, on est pris de v ertig e . D epuis
que l’humanité est à l’âg e des caser nes, un seul tr oupier , un seul, est entré
dans une salle des rapp orts en disant : – Bonjour , messieur s et dames ! –
et ce tr oupier est Alphonse Allais. . . et c’ est tout Alphonse Allais.
Certes, la plaisanterie était témérair e :
Humour, humour, quand tu nous tiens,
On peut bien dire : Adieu, prudence !
Mais ce qui préser va notr e humoriste , dans une cir constance aussi
p érilleuse , ce fut son imp erturbable sérieux. S’il avait p ar u s’amuser
luimême de ce salut pr o digieux, s’il avait ri, le pr emier ( et quel mauvais
g oût !) de sa plaisanterie , il était p erdu. Le capitaine adjudant-major , le
commandant, le colonel ne s’y seraient p as tr omp és : ils auraient bien v u
qu’ils avaient affair e à un far ceur ; que serait-il ar rivé ? On frémit rien que
d’y p enser . Mais, encor e une fois, le soldat ne riait p as, ni même souriait.
Alor s, les chefs prir ent le p arti de rir e , cr o yant à quelque bizar r erie , à
quelque p assag er dérang ement cérébral.
Si j’ai un p eu appuyé sur ce trait e x cellent, c’ est q u’il m’app araît bien
caractéristique de la manière de ce grand humoriste : c’ est une clé de son
œuv r e .
On a dit qu’ Alphonse Allais était sup érieur à son œuv r e . J’ entends
bien : e x-élè v e en phar macie , ( ai-je mentionné qu’il était le fils d’un
pharmacien d’Honfleur ?), chimiste distingué , curieux des sciences natur elles,
des inv entions mé caniques et des sy stèmes philosophiques, d’une cultur e
étendue , très fin leré , il aurait pu é crir e des liv r es moins. . ., des liv r es
plus. . ., enfin des liv r es ! C’ est que tr op de g ens en France n’admeent
p as qu’un à-p eu-près puisse valoir p arfois une grande p ensé e , surtout ne
compr ennent p as l’ir onie , la seule ar me p ourtant que nous ay ons contr e
les mauvaises puissances et les faux dieux.
Alphonse Allais a é crit la Vie drôle , et c’ est considérable .
Sa sœur , Mme Ler o y- Allais, dans une biographie toute pleine
d’admiration et de piété frater nelles, nous le montr e à vingt ans, après des
débuts très mo destes au Tintamarre , hésitant entr e la phar macie et la
littératur e . Un pèr e le pr essait de manipuler , un démon le pr essait d’é crir e .
2À l’ o eil Chapitr e
Celui-ci l’ emp orta. Ses pr emier s contes p ar ur ent dans le jour nal Le Chat
Noir , dont le dir e cteur était le g entilhomme-p eintr e-cabar etier Ro dolphe
Salis. Les le cteur s de cee feuille hebdomadair e et indép endante
apprécièr ent aussitôt la qualité de ces p etits é crits. Cep endant, la r enommé e de
leur auteur descendit assez lentement, malgré la p ente , de Montmartr e
sur les b oule vards et ce n’ est que quelques anné es plus tard, quand p ar ut
le jour nal Le Journal dont il fut un des pr emier s collab orateur s, que le
grand public connut Alphonse Allais ; mais, dès qu’il le connut, il l’aima.
Son nom de vint bientôt p opulair e .
C’ est qu’il n’y a p as seulement dans ces articles d’ Alphonse Allais
g aieté , blague et fumisterie , et une aptitude singulièr e à saisir des rapp orts
inaendus entr e les choses, et des applications inesp éré es des der nièr es
dé couv ertes de la science , il y a aussi de l’indulg ence de la simplicité ,
de la g énér osité , de la pitié , de la b onté , et p ar là ils allaient au p euple .
Joignez à cela qu’ils sont é crits dans un style pior esque , souple , nuancé ,
ing énieux ; style d’un é crivain qui connaît admirablement sa langue , qui
la connaît dans les grandes lignes et dans les coins. D ans plus d’un de ces
articles, le fils du phar macien d’Honfleur semblait doser et manipuler , si
l’ on p eut dir e , toutes les figur es de l’intellig ence .
Pendant quinze anné es et, plusieur s fois p ar semaine , Alphonse
Allais a distribué de la joie à des millier s de le cteur s. Alor s, dans les wag ons
qui des banlieues amènent à Paris ouv rier s et ouv rièr es, p etits et p etites
emplo yés, dans le métr o , dans les omnibus (il n’y avait p as encor e
d’autobus), dans la r ue , on entendait cee phrase : – « A v ez-v ous lu celui
de ce matin ? » – Il s’agissa