Scènes de la vie privée dans l’Amérique du NordPhilarète ChaslesRevue des Deux Mondes4ème série, tome 26, 1841Scènes de la vie privée dans l’Amérique du Nord[1]The clockmaker, by Haliburton C’est une curiosité assez piquante qu’un livre et un excellent livre composé,imprimé, publié dans une des villes du globe les .plus inconnues, entre le capBreton et les Apalaches, sur les bords de l’Océan atlantique, dans le giron d’unecivilisation endormie, que le voisinage des Etats-Unis achève de décourager,d’étouffer et d’engourdir. Qui se doute de l’existence d’une petite capitalecomposée de cinq ou six grandes maisons blanches et de deux ou trois centsmauvaises petites maisons rousses, sous le 40° degré de latitude nord, le toutdominé par la vaste maison du vice-roi anglais, sir George Campbell, gouverneurde la Nouvelle-Écosse ?Cette capitale se nomme Halifax, et ce gouverneur n’a rien à faire. Heureuxsouverain ! Sous ses fenêtres un cimetière abandonné, où l’on n’enterre pluspersonne, étend son vaste silence, et le nouvel écrivain prétend que l’administrationdu vice-roi n’a pas de symbole plus exact.A l’ombre de l’ennui que doit répandre cette société sans vie, sans avenir, sansindustrie, sans richesse, sans émulation, au bruit de la mer murmurante et sous unclimat tantôt rigoureux, tantôt brûlant, il s’est récemment trouvé, non comme vouspourriez le croire un poète lyrique inspiré, un romancier créateur de féeries, unchantre épique, sublime comme l’Océan ...
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