Louis PergaudLes RustiquesUn point d’histoire— Connaissez-vous Turinaz ? me demanda un jour de l’automne dernier et à brûle-pourpoint le père Milot, le cordonnier de Longeverne, tandis que je fumais une pipeprès de sa banchette en le regardant tirer le ligneul.— Turinaz, fis-je, interloqué légèrement et interrogeant à mon tour : ce n’est pas unhomme du pays ?— Mais non ! reprit mon interlocuteur : Turinaz, vous savez bien ! le Turinaz desjournaux.— Ah ! m’exclamai-je, subitement éclairé : le curé, l’évêque, l’archevêque de…de… voyons, attendez donc que je me rappelle.— Oui ! quelque chose dans ce genre-là ! Vous ne savez donc pas ce qu’il a fait ?— Ma foi, pour vous dire au juste… Mais il a dû avoir des histoires avec legouvernement au moment de la séparation ou des inventaires.— Peut-être bien !— Ah ça ! père Milot, repris-je, est-ce que vous vous occuperiez de politique àl’heure actuelle ? Je croyais que vous vous targuiez, avec raison d’ailleurs, den’avoir jamais fourré le nez dans ces foutaises et que vous continuiez à vous enmoquer largement. Qu’est-ce qu’a donc fait Turinaz qui vous préoccupe tant queça ?— Mais, je n’en sais rien, et c’était précisément pour l’apprendre que je vousdemandais si vous le connaissiez ; vous vivez à Paris, vous autres, vous devez êtreau courant de toutes ces histoires.— J’ai peut-être connu l’affaire dans le moment où elle s’est passée, mais vouscomprenez bien qu’on ne donne pas une égale attention à tout ce ...
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