Arthur Conan Doyle (illustré par G. da Fonseca)Nouvelles Aventures de Sherlock HolmesTraduction Jeanne de Polignac.Ernest Flammarion, 1891-1892 (pp. 23-36).UN CAS D’IDENTITÉ─────Nous étions, Sherlock Holmes et moi, assis près de la cheminée, en face l’un de l’autre, dans l’appartement bien connu de BakerSreet, lorsque, rompant le silence, il me lança cette phrase empreinte de philosophie :— La vie a de ces bizarreries que l’esprit le plus inventif ne saurait concevoir et qui ne sont cependant que de la monnaie courantedans notre existence. Si, ouvrant la fenêtre, nous pouvions nous envoler tous deux, planer sur cette grande cité, et souleversecrètement les toitures pour jeter un coup d’œil sur les événements étranges qui s’y passent, que de surprises nous attendraient !Tous les romans avec leur convenu, leurs conclusions prévues d’avance, nous paraîtraient fades et surannés à côté des singulièrescoïncidences, des sombres projets, des systèmes contradictoires, en un mot, de l’étonnante série de faits qui se succèdent, à traversles âges, pour aboutir aux résultats les plus invraisemblables !— Je ne suis pas de votre avis, répondis-je. Les causes judiciaires dont nous lisons le compte rendu dans les journaux sontgénéralement vulgaires et dénuées d’intérêt ; le réalisme y est poussé jusqu’à ses dernières limites, et le dénouement n’est rienmoins qu’artistique et séduisant.— Il y a, même dans le réalisme, un choix à faire, remarqua Holmes ; c’est ce qui ...
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