SalammbôGustave Flaubert1862(Édition C o n a r d, 1910)Fichier imagesSommaireLe FestinÀ SiccaSalammbôSous les murs de CarthageTanitHannonHamilcar BarcaLa bataille du MacarEn campagneLe SerpentSous la tenteL'acqueducMolochLe défilé de la HacheMathoSalammbô (Salammbô)La lune se levait au ras des flots, et, sur la ville encore couverte de ténèbres, despoints lumineux, des blancheurs brillaient : le timon d'un char dans une cour,quelque haillon de toile suspendu, l'angle d'un mur, un collier d'or à la poitrine d'undieu. Les boules de verre sur les toits des temples rayonnaient, çà et là comme degros diamants. Mais de vagues ruines, des tas de terre noire, des jardins faisaientdes masses plus sombres dans l'obscurité, et, au bas de Malqua, des filets depêcheurs s'étendaient d'une maison à l'autre, comme de gigantesques chauves-souris déployant leurs ailes. On n'entendait plus le grincement des roueshydrauliques qui apportaient l'eau au dernier étage des palais ; : et au milieu desterrasses, les chameaux reposaient tranquillement, couchés sur le ventre, à lamanière des autruches. Les portiers dormaient dans les rues contre le seuil desmaisons ; l'ombre des colosses s'allongeait sur les places désertes ; au loinquelquefois la fumée d'un sacrifice brûlant encore s'échappait par les tuiles debronze, et la brise lourde apportait avec des parfums d'aromates les senteurs de lamarine et l'exhalaison des murailles chauffées par le soleil. Autour de ...
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