ParvenuRené Maizeroy(La Fête)1893Vous le connaissez bien ce bon gros Dupontel qui semble le type de l'hommeheureux avec ses joues pleines, colorées comme des pommes mûres, ses petitesmoustaches roussâtres relevées au-dessus d'une bouche lippue, ses yeux à fleurde tête que n'assombrit jamais quelque émoi, quelque mélancolie, qui font penseraux prunelles calmes des bœufs, avec son torse long planté sur de petites jambesfrétillantes, qui lui valut d'être baptisé par je ne sais plus quelle pierreuse : «la rueBasse-du-Rempart».Dupontel qui s'est donné la peine de naître, non comme les grands seigneurs dejadis que raillait Beaumarchais, mais lesté d'un nombre respectable de millions,ainsi qu'il sied à l'unique héritier d'une maison où l'on vendit les ustensiles deménage depuis plus d'un siècle.Nécessairement de l'Epatant, comme tout parvenu qui se respecte, il veut paraîtrequelque chose, jouer au clubman, posant pour la galerie parce qu'il a été élevé àVaugirard, qu'il sait à peu près l'anglais, qu'il fit son volontariat à Rouen dans leschasseurs, qu'il monte assez bien à cheval et qu'il sait conduire un mail et jouer autennis.D'une élégance étudiée, trop correcte de «toute sorte», copiant ses allures, safaçon de parler, ses chapeaux et ses pantalons sur les trois ou quatre snobs quidonnent le ton, qui lancent la mode, ayant l'esprit des autres, apprenant desanecdotes et des mots comme une leçon pour les replacer dans les petites fêtes,riant bien ...
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