La Revue de Paris, 1908Edith WhartonTraduit de l’anglais par Jane ChalençonLendemain, 1899LendemainSommaire1 I2 II3 III4 IV5 VIAu départ de Bologne, leur compartiment était complet ; mais à la première stationaprès Milan leur dernier compagnon les quitta ; — c’était un voyageur courtois, quiavait tiré un déjeuner frugal d’un sac en tapisserie, et les avait salués en se levantdu coussin jonché de miettes.L’œil de Lydia suivit avec regret son paletot luisant jusqu’à ce qu’il eut disparu dansla foule des quémandeurs et des cochers de fiacre qui se tenaient aux abords de lagare ; puis elle regarda Gannett et saisit le même regret dans ses yeux. Tous lesdeux, ils étaient fâchés d’être seuls.— Par-ten-za ! — criait l’employé.Le train vibrait sous la secousse des portières, fermées brusquement ; un garçonde buffet courut le long du quai avec un plateau de sandwiches fossiles ; un porteuren retard jeta dans une voiture de troisième classe un paquet de châles et decartons : l’employé répéta un Partenza ! très bref, d’où l’on pouvait conclure que lepremier appel avait été purement de parade, — et le train roula hors de la gare.La direction de la voie avait changé : un rayon de soleil, par-dessus les poussiéreuxcoussins de velours rouge, atteignit le coin de Lydia. Gannett n’y prit point garde. Ils’était replongé dans sa Revue de Paris, et Lydia dut se lever pour baisser le store.Sur le vaste horizon de leur existence inoccupée, de tels incidents se ...
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