Le portrait d'Alisée Alisée, étudiant en photo. Modèle d'un étudiant en cinéma. Modèle format 16:9. Alisée entourée de vide. Le visage centré, la tête embrassée de néant. Modèle formaté. Rectitude du nez. Délicates oreilles ourlées. Mèches devant les yeux. Savamment étudiées. Un creux entre lèvre et menton, saut de l'ange et commissures arquées. Une bouche sur-cadrée. Sa peau immense et satinée. Pâle à brûler en plein été. Alisée regarde et ne dit rien. La caméra braquée. Regarde en face, ne bouge pas. Une minute trente d'immobilité. Alisée cligne à peine des yeux, parfois retrousse le nez. Tout un visage désincarné. Mécanique interne dévoilée. Derrière la peau et sous les os. Entre les muscles, nerfs et tendons. Subrepticement frémissent ses pores. Sourcils détendus, contractés. Et ses yeux partent en envolée. Elle suit l'étudiant derrière la caméra. Il cherche à gauche, à droite, il tourne et se rétracte. Et Alisée attend patiemment. Payée pour ne rien faire et en avoir tout le temps. Pour un travail sur le gros plan. Une minute trente. Image- Mouvement, portrait-mouvement. Créer l'affection. La projection est terminée, l'étudiant rallume les lumières. Verdict : intéressant. Alisée y est pour beaucoup, je le sens. Le professeur jette une note. L'étudiant semble content. Les autres se lèvent, marchent, et partent. Je reste assis, car Alisée me regarde encore sur l'écran. Elle ne s'appelle pas Alisée, me dévoile-t-il quand je le rejoins dans le couloir.
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