Anatole FranceLe Puits de sainte ClaireCalmann-Lévy, 1900 (pp. 245-256).À Félix Jeantet.VIIILE MYSTÈRE DU SANGLa bocca sua non diceva se non Jesù e Caterina, e cosidicende ricevetti el capo nelle mani mie, fermando l’occhio nellaDivina Bontà, e dicendo : Io voglio…(Le lettere di S. Caterina da Siena. — XCVII, Gigli oBurlamacchi).La ville de Sienne était comme le malade qui cherche en vain une bonne place sur son lit et croit, en se retournant, tromper la douleur.Elle avait plusieurs fois changé le gouvernement de la république, qui passa des consuls aux assemblées des bourgeois et qui,confié d’abord aux nobles, fut exercé ensuite par les changeurs, les drapiers, les apothicaires, les fourreurs, les marchands de soie ettoutes gens adonnés aux arts supérieurs. Mais ces bourgeois s’étant montrés faibles et cupides, le peuple les chassa à leur tour etdonna le pouvoir aux petits artisans. En l’an 1368e de la glorieuse Incarnation du fils de Dieu, la seigneurie fut composée de quatorzemagistrats choisis parmi les bonnetiers, les bouchers, les serruriers, les cordonniers et les maçons, qui formèrent un grand conseilappelé le Mont des Réformateurs. C’étaient des plébéiens rudes comme la Louve de bronze, emblème de leur Ville, qu’ils aimaientd’un amour filial et terrible. Mais le peuple, qui les avait établis sur la république, avait laissé subsister au-dessous d’eux les Douze,qui étaient de la classe des banquiers et des riches marchands. Ceux-ci conspiraient ...
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