1 Le clos sur l’Automne La voiture sort de la ville et roule à travers la campagne vallonnée. Dans quelques kilomètres le taxi me déposera à destination. Je ne suis pas venue ici depuis presque dix ans et pourtant je reconnais le moindre virage et je peux faire l’inventaire de tout ce qui a changé. Des carrefours, des ronds- points, des routes refaites. Mais quoiqu’il arrive, c’est toujours la campagne, le bout du bout, comme on disait, et aussi l’endroit où l’on venait échapper à nos parents quand on n’en pouvait plus, malgré l’ambiance souvent lourde qui y régnait. La voiture entre dans le village, tourne à droite sur la place de l’église et va presque jusqu’au bout du chemin. Le clos est là. Le taxi me dépose devant, fait demi-tour malgré l’étroitesse de la voie et repart. Le portail n’a pas changé, il n’a pas été repeint depuis probablement mon dernier séjour, où il était déjà abimé, et quand je tourne la poignée et commence à l’ouvrir, il grince et bloque encore plus qu’avant. J’ai du mal à le repousser derrière moi mais ça n’a pas d’importance, il y a longtemps qu’il n’y a plus de chien dans ce jardin. Il était petit, au poil raz, il n’avait qu’une envie, celle de nous lécher les mains et la figure et si le père de famille le traitait pour ce qu’il était, un chien, la mère, elle, lui parlait comme s’il était son troisième enfant. M.-C.
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