Le CarillonneurGeorges Rodenbach1897PREMIÈRE PARTIE ― LE RÊVEI.II.III.IV.V.VI.VII.VIII.IX.X.XI.XII.XIII.XIV.XV.XVI.DEUXIÈME PARTIE ― L’AMOURI.II.III.IV.V.VI.VII.VIII.IX.X.XI.XII.TROISIÈME PARTIE ― L’ACTIONI.II.III.IV.V.VI.VII.VIII.IX.X.Le Carillonneur : I : ILa Grande Place de Bruges, ordinairement déserte, traversée par de rares passants, des enfants pauvres à la dérive, un peu deprêtres ou de béguines, s’imagea soudain de groupes indécis, d’îlots noirs tachant l’étendue grise. Des rassemblements seformaient.On avait fixé pour le premier lundi d’octobre, à quatre heures, le concours de carillonneurs. La fonction de carillonneur de la ville setrouvait vacante par le décès du vieux Bavon De Vos, qui l’occupa avec honneur durant vingt années. Il y avait lieu d’y pourvoiraujourd’hui, selon la coutume, par un concours public, où le peuple serait, pour ainsi dire, appelé à décider lui-même en acclamantpar avance le vainqueur. C’est pourquoi, on avait choisi le lundi, tout travail cessant à midi, ce jour-là de la semaine, qui de la sorteparticipait encore de la vacance du dimanche. Ainsi, le choix pourrait être vraiment populaire et unanime. N’était-il pas juste que lecarillonneur fût élu ainsi ? Le carillon, en effet, est la musique du peuple. Ailleurs, dans les capitales ardentes, c’est le feu d’artifice quiconstitue la fête publique, le don féerique dont s’exaltent les âmes. En ces Flandres méditatives, parmi les brumes ...
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