Edgar Allan Poe
Histoires extraordinaires
Traduction Charles Baudelaire.
Michel Lévy frères, 1869 (pp. 337-352).
Que le cas extraordinaire de M. Valdemar ait excité une discussion, il n’y a certes
pas lieu de s’en étonner. C’eût été un miracle qu’il n’en fût pas ainsi, —
particulièrement dans de telles circonstances. Le désir de toutes les parties
intéressées à tenir l’affaire secrète, au moins pour le présent ou en attendant
l’opportunité d’une nouvelle investigation, et nos efforts pour y réussir ont laissé
place à un récit tronqué ou exagéré qui s’est propagé dans le public, et qui,
présentant l’affaire sous les couleurs les plus désagréablement fausses, est
naturellement devenu la source d’un grand discrédit.
Il est maintenant devenu nécessaire que je donne les faits, autant du moins que je
les comprends moi-même.
Succinctement les voici :
Mon attention, dans ces trois dernières années, avait été à plusieurs reprises
attirée vers le magnétisme ; et, il y a environ neuf mois, cette pensée frappa
presque soudainement mon esprit, que, dans la série des expériences faites
jusqu’à présent, il y avait une très-remarquable et très-inexplicable lacune : —
personne n’avait encore été magnétisé in articulo mortis. Restait à savoir, d’abord,
si dans un pareil état existait chez le patient une réceptibilité quelconque de l’influx
magnétique ; en second lieu, si, dans le cas de l’affirmative, elle était atténuée ou
augmentée par la circonstance ; troisièmement, jusqu’à quel ...
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